Plat emblématique à l’origine incertaine, les moules-frites de la Braderie de Lille cachent une histoire pleine de surprises.
Chaque premier week-end de septembre, Lille se transforme en gigantesque marché à ciel ouvert, où les tonnes de moules vidées s’empilent au coin des trottoirs comme autant de preuves d’un festin collectif.
Derrière cette image devenue symbole, la réalité est plus nuancée : les habitants rappellent volontiers que la plus grande partie des moules se déguste en famille, à l’abri des stands bruyants.
Préparées à la marinière, nappées de crème ou relevées d’ail et de curry, elles se mangent avec les doigts et sans façon. C’est ainsi que ce coquillage s’est imposé comme le plat emblématique de la Braderie de Lille, rendez-vous incontournable qui aura lieu les 6 et 7 septembre 2025.
Des poulets rôtis aux coquilles noires
La légende rapporte qu’au XVe siècle, la vedette de la Braderie n’était pas la moule, mais le poulet rôti. Deux Lillois auraient eu l’idée de vendre leur volaille directement dans la rue pour rassasier les visiteurs de la braderie, avant qu’une maladie frappant les élevages ne pousse à remplacer les volatiles par des coquillages, rapporte le site EnVols.
On y ajouta plus tard des frites, ultime complice d’un plat devenu indissociable de la fête. L’Office du tourisme assure que « les moules-frites sont bien des filles du Nord », mais l’histoire reste floue et l’origine exacte de cette spécialité demeure insaisissable. En vérité, le mariage entre moules-frites et Braderie est récent, autant célébré qu’il est mal documenté.
À l’hôtel de ville, on aime rappeler que « jusqu’aux années 1970, sur la Braderie, les restaurateurs lillois attiraient les chalands avec une bruyante crécelle, celle qu’utilisaient jadis les vendeurs de moules ambulants ».
Les coquillages arrivaient alors de Zélande, en Hollande, transportés depuis l’estuaire de l’Escaut. Rien n’a changé sur un point : il faut toujours la savourer fraîche, idéalement de septembre à avril, ces fameux mois en « Re ». Bien charnue et cuite juste ce qu’il faut, cinq à dix minutes pour que la coquille s’ouvre sans s’altérer, la moule garde ainsi sa texture, tendre plutôt que caoutchouteuse.
Les frites dans l’histoire des moules
Reste une question en suspens : comment les frites se sont-elles retrouvées mêlées à toute cette histoire ? Sont-elles françaises ou belges ?
« Pour les Belges, qui lui ont même consacré un musée à Bruges, la frite serait née à Namur, au XVIIe siècle, lors d’un hiver rigoureux, explique la mairie lilloise. Le gel de la Meuse rendant impossible la pêche de poissons destinés à la friture, les habitants auraient découpé à la place des pommes de terre en forme de poissons. »
Pierre Leclercq, historien de la gastronomie, ajoute que, côté français, la « pomme frite Pont-Neuf » aurait été inventée par des marchands ambulants à Paris, après la Révolution de 1789. Selon La Voix du Nord, accompagner les moules de frites serait l’idée d’un Belge, pendant la foire de Liège de 1875.
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Rédactrice cuisine
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