Par

Antoine Blanchet

Publié le

19 avr. 2025 à 13h32

Des cris. Des morts. Des flammes. Ce vendredi 15 avril 2005, la nuit n’a rien de calme dans la rue de Provence à Paris. Les pompiers font face à une scène de chaos. Un incendie s’est déclaré au sein de l’hôtel Paris-Opéra dans le 9e arrondissement. À l’intérieur de cet établissement social, plus de 80 personnes en situation précaire. Le bilan sera très lourd : 24 morts et 56 blessés. 

Une dispute à l’origine du drame 

Quelques heures auparavant, la vie suivait son cours dans cet hôtel de six étages. L’immeuble, géré par un couple, héberge de nombreuses personnes en grande difficulté. C’est le Samu social qui paie une trentaine de chambres. Premier manquement ce soir-là : 77 personnes sont présentes dans l’hôtel, alors que sa capacité maximum est de 61. 

Au rez-de-chaussée de l’hôtel, la fête bat son plein. Le veilleur de nuit de l’hôtel, fils des gérants, consomme de l’alcool et de la cocaïne avec des clients. La situation attise la colère de sa petite amie, venue spécialement pour le voir. Dans la pièce où loge l’employé, la jeune femme avait disposé des bougies d’ambiance sur le sol. Après une nouvelle dispute avec son conjoint alcoolisé, elle remonte dans la chambre improvisée, et jette une pile de vêtements… sur les bougies. 

Une intervention d’ampleur 

De cette fureur naît l’embrasement. Les flammes se propagent très vite dans la cage d’escalier de l’immeuble et atteignent les chambres. Le veilleur de nuit tente d’éteindre l’incendie avec un extincteur. L’action maladroite a pour conséquence de retarder l’appel aux pompiers. 

Les soldats du feu arrivent en nombre sur une scène terrifiante. Des occupants de l’hôpital hurlent aux fenêtres. Certains ont déjà sauté et gisent sur le sol. « On a en tête les images d’attentats qu’on voit à la télévision », se remémorait à l’époque l’un des pompiers. Au total, 300 effectifs et 57 camions sont mobilisés pour venir à bout du brasier. Non-loin, le rez-de-chaussée des Galeries Lafayette fait office de poste médical avancé. 

Le bilan très lourd 

Dans cette opération spectaculaire, les pompiers parviennent à sauver 58 clients de l’hôtel. « Il y avait une personne à chaque fenêtre qui appelait à l’aide », racontait le soldat du feu interrogé sur l’intervention. Malheureusement, le bilan reste dramatique. Ce sont 24 personnes qui perdent la vie dans l’incendie. Parmi elles, 11 enfants. On compte aussi 56 blessés, dont plusieurs polytraumatisés après s’être défenestrés. 

Après ce drame, des voix s’élèvent et dénoncent le mal-logement dans la capitale. Le 18 avril, une veillée est organisée en hommage aux victimes. Le manque de logements sociaux à Paris est pointé du doigt. 

Une longue bataille judiciaire

Pour les survivants de ce drame, il faudra de longues années avant d’obtenir réparation. Ce n’est qu’en 2013 que s’ouvre le procès des gérants, du veilleur de nuit et de sa compagne pour homicides involontaires. La plus lourdement condamnée sera la petite amie : trois ans de prison ferme. La peine sera ramenée à deux ans de prison ferme lors du procès en appel en 2016. Le veilleur de nuit et son père sont condamnés à deux années de prison ferme. 

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