Ils sont encore nombreux, sans toit, à se débattre avec le peu d’offres disponibles dans une ville étudiante toujours plus plébiscitée.
« Urgent, je cherche un studio ou une chambre. Je lance une bouteille à la mer »; « Nous sommes deux et nous n’avons pas de logement alors que la rentrée approche. Help ! », « Je recherche une chambre très urgemment, disponible immédiatement pour les visites »…
« Elle ne va quand même pas dormir dans le camping-car ! »
En pleine rentrée universitaire à Montpellier, les messages inquiets tombent en cascade sur les réseaux sociaux. Et le son de cloche n’était pas différent ce mardi 3 septembre au domaine de Pierresvives, dans les allées de la 13e Journée Logement organisée par le Département. À l’instar de celui livré par Lucie et sa famille, venus d’Uzès pour trouver un appartement et encore un peu sonnées par le manque de solution.
Solutions de dernière minute
« Je suis boursière mais aucune de mes demandes auprès du Crous n’a été acceptée. Du coup, c’est l’impasse, le système D et forcément du stress en plus », indique l’étudiante en première année à l’Université Paul Valéry, qui a fait sa rentrée ce lundi et « squatte » temporairement chez une amie. « On ne s’attendait pas à une telle galère ! On sait que l’on vise les quartiers les plus demandés mais on veut aussi que l’intégration dans cette nouvelle ville soit la plus facile possible pour notre fille », confie Stéphane, le père. « On explore toutes les pistes. On s’est même posé la question d’acheter un appartement. Mais ce n’est pas possible. On ne va quand même pas demander le camping-car du grand-père ! »
« C’est de plus en plus tendu »
En face, Jamila Baron ne connaît que trop bien la problématique. Pas nouvelle, mais malheureusement pas en voie de se résorber malgré les projets en cours (lire par ailleurs). « C’est de plus en plus tendu, notamment pour ceux qui n’ont eu que tardivement leurs affectations. Le Crous ne peut pas loger tous les boursiers et les places dans les résidences sociales sont limitées. Même dans le secteur privé, c’est compliqué. Et avec des loyers à plus de 600 € pour un studio, on a des jeunes qui se retrouvent dans des situations très précaires. D’autant que le nombre d’étudiants ne cesse d’augmenter à Montpellier », détaille la chargée de projet auprès du Centre Régional Information Jeunesse (Crij). À Montpellier, la population étudiante a augmenté de plus de 20 % sur les dix dernières années.
Attention aux arnaques
Quelles options reste-t-il pour les naufragés du logement étudiant ? « Ne pas baisser les bras et se méfier des arnaques, plaide Jamila Baron. Il y a des jeunes qui abandonnent leurs études, d’autres qui partent en stage. Ça crée forcément du mouvement. Mais surtout, ne jamais payer pour réserver un logement et toujours visiter avant d’accepter quoi que ce soit. Des familles qui sont abusées et qui versent un mandat cash pour bloquer une location, c’est plus fréquent que ce que l’on pense ». Ce mercredi, le Crous Montpellier nous indiquait disposer encore de quelques chambres de 9,5m² dans ses résidences montpelliéraines, et remettre en permanence à jour ses offres sur trouverunlogement.lescrous.fr.
« Il faut que ceux qui cherchent encore acceptent que l’appartement de cette année ne soit peut-être pas celui qu’ils espéraient, prévient Christian Marandon, à la tête de l’agence immobilière spécialisée Proby, implantée depuis 40 ans dans le quartier Hôpitaux Facultés. Ce n’est pas simple, mais il faut faire évoluer ses critères ». Géographiques, notamment. « On voit arriver en septembre des étudiants qui se replient sur les studios du bord de mer, à Carnon et Palavas. Pour les propriétaires, c’est une solution intéressante en complément de la location des vacances estivales », confirme l’un de ses confrères installé sur le littoral. Et ce n’est pas Claire qui dira le contraire. La retraitée cherche toujours à qui louer une chambre dans sa grande maison de Lavérune. « On me dit que c’est trop loin de Montpellier. Pourtant il y a un bus et bientôt le Tram. Pour quelqu’un qui est dans l’urgence, c’est une bonne solution de repli… »
Des projets immobiliers sur la Métropole
En chiffres. Que se soit dans le parc social ou privé, plusieurs projets d’ampleur sont en cours sur la Métropole de Montpellier. La collectivité estime à 2500 le nombre de logements étudiants qui sortiront de terre dans les trois ans, principalement le long des lignes de tramway. Parmi eux, la moitié appartiendra à des bailleurs privés. Mais 200 nouveaux logements seront gérés par le Crous au sein de la cité universitaire Voie Domitienne, dès la fin de l’année, et l’aménageur public Altémed projette une nouvelle résidence à Bagatelle en 2026. Avant deux autres, en 2028 et 2029.