Deux jours après l’attaque au couteau d’un déséquilibré cours Belsunce à Marseille, le quartier est toujours sous le choc.
C’est le sujet au coeur de toutes les discussions dans le quartier Belsunce (1er), à Marseille. Depuis l’attaque au couteau d’un homme mardi 2 septembre, qui a blessé cinq personnes, les habitants échangent sur ce que les uns ont vu, ce que les autres en pensent.
Buran, gérant d’Istanbul City, le snack où a été abattu l’assaillant, a encore la scène bien en tête. « Je l’ai vu, avec des grands couteaux dans chaque main, se remémore-t-il à ICI Provence. « La police lui a demandé de les jeter. Puis il a crié et a marché vers les policiers. Et ils ont tiré, là, entre les deux tables » détaille le commerçant, qui a rouvert son enseigne dès ce mercredi matin.
Son fils Emircan, 18 ans, est encore sous le choc. « Je n’oublierais jamais ça de ma vie » confie-t-il. « Chaque seconde, j’y pense. Je revois le moment où je l’ai vu par terre. Ses habits en sang…C’est la première fois que je vois une chose aussi grave à Belsunce. »
« Je vais partir »
Les habitants du quartier réclament plus de sécurité. « On a peur, souffle Murielle. Moi, j’ai fait une demande d’appartement ailleurs, j’attends qu’on m’en donne un, je vais partir. Il faut plus de policiers ! C’est ce que je demande au Maire. Même s’il y a des caméras, qu’il rajoute des policiers ! »
L’hôtel Amira, où a eu lieu la première attaque de l’assaillant, se trouve un peu plus loin, rue des Petites Maries. Cette rue est « assez spéciale » juge Isabelle, qui y vit. « On en a marre. Il y a trop de violences » se désole-t-elle, avant de pointer la Gare-Saint-Charles, située à deux pas : « Vous vous rendez compte, vous arrivez d’une gare et vous voyez ça ? »
Les avancées de l’enquête, l’assaillant souffrait « de troubles psychiatriques »
Parallèlement, le procureur de la République Nicolas Bessone a évoqué les avançées de l’enquête ce mercredi. Elle s’oriente sur un litige privé avec l’hôtel où il résidait.
L’assaillant « n’apparaissait pas radicalisé mais souffrant de troubles psychiatriques » a-t-il détaillé. Abdelkader Dibi, Tunisien de 35 ans, séjournait de manière régulière en France.
Il était connu « pour sa violence et ses problèmes d’addiction à la fois à la cocaïne et à l’alcool ». Il avait notamment été jugé à La Rochelle pour des violences avec arme commises en 2023 sur un neveu, et condamné à quatre ans de prison dont trois ans assortis d’un sursis probatoire d’une durée de deux ans. Il avait fait appel de la décision. « Dans l’attente de cet appel, la peine n’avait pas encore été exécutée » a indiqué le magistrat.
Nicolas Bessone a rappelé que le parquet national anti-terrroriste « ne souhaite pas retenir sa compétence » sur cette affaire pour le moment, même si l’agresseur a bien crié « Allah Akbar » à plusieurs reprises.
Les trois victimes touchées au couteau lors de l’attaque sont désormais hors de danger, y compris le « colocataire » de l’assaillant dans un hôtel dont il avait été expulsé pour non paiement. Ce dernier était le plus grièvement touché, blessé au coeur.