Un petit établissement nantais spécialisé dans l’accueil de jeunes confrontés à des troubles autistiques ou de l’apprentissage a vu ses effectifs plus que doubler lors de cette rentrée.

Le modeste établissement se présente comme un «refuge» pour «tout enfant à qui le système classique ne convient pas». À Nantes (Loire-Atlantique), l’école primaire Mosaïque a connu cette semaine une rentrée pour le moins dynamique. Pas moins de 17 élèves ont été accueillis à l’intérieur de cette enclave de l’hypercentre nantais spécialisée dans l’éducation d’enfants «neuroatypiques», soit plus du double du nombre d’écoliers reçus lors de la rentrée précédente, qui marquait l’ouverture de l’établissement. Un succès qui confirme la nécessité d’un lieu adapté aux besoins particuliers de ces jeunes, se réjouissent les responsables de cette école privée hors contrat.

«Nous avons tricoté notre projet autour du bien-être de l’enfant. Tout est parti d’une mauvaise expérience que nous avons eue de l’école publique, peu adaptée aux profils que nous accueillons aujourd’hui », présente la cofondatrice de l’école, Virginie Bourdageau, psychologue clinicienne et elle-même mère d’un garçon de 7 ans. L’offre éducative déclinée dans ce jeune établissement s’apparente à une oasis pour les familles cabossées par le système scolaire classique. «Être parent d’enfant “neuroatypique” s’apparente à un parcours du combattant, explique-t-elle. Dans mon cas, on me disait que mon fils, dès son septième mois, n’était pas fait pour la vie en communauté. C’est très violent. Certains enfants ont subi un début de scolarité qui tutoyait la maltraitance psychologique. Et puis il y a aussi le regard des autres parents, qui nous imaginent incapables d’éduquer nos enfants».


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Modèle inclusif

Voilà un an et demi qu’a germé le projet de l’école Mosaïque. «Nous nous sommes très vite accordés sur le nom de l’établissement. La “mosaïque” évoque un tas de petits bouts nuls et tous cassés mais qui forment, à la fin, quelque chose d’harmonieux et de magnifique», indique la présidente de l’école, Nathalie Boisson. Né des cendres d’un précédent établissement réservé aux seuls enfants à haut potentiel intellectuel (HPI), le site a été ouvert dans un bâtiment loué au diocèse de Nantes. Organisée autour d’une association formée de sept couples de parents, l’école a élargi le profil des enfants pouvant être scolarisés entre ses murs. Outre les jeunes HPI, l’école Mosaïque admet ainsi également des enfants sujets à un trouble du déficit de l’attention, avec (TDAH) ou sans (TDA) hyperactivité, à des troubles spécifiques des apprentissages (DYS) ou encore à de légers troubles du spectre autistiques (TSA).

«Nous avons voulu faire une école inclusive, ouvertes aux enfants qui n’ont pas nécessairement été diagnostiqués “neuroatypiques”», précise Nathalie Boisson, qui tient à la mixité entre les différents écoliers. Les enfants scolarisés à Mosaïque partagent ainsi leur temps entre l’apprentissage du socle commun, par «ludopédagogie», puis des activités sociocomportementales censées leur transmettre des codes de la vie en société. Une poule mascotte égaie également les journées des jeunes de l’école, en aidant les plus actifs à canaliser leur énergie. «Il s’agit de les rendre autonomes dans le monde en les formant par exemple à faire du lien et appréhender les codes du quotidien, comme la traversée d’une rue aux passages piétons, détaille Virginie Bourdageau. Notre objectif est de faire en sorte que chaque enfant puisse s’insérer, dès la 6e, dans un parcours scolaire classique.» 

La formule plait. Trois autres jeunes rejoindront bientôt les effectifs de l’école, qui accueille les enfants tout le long de l’année scolaire. Malgré cette seconde rentrée réussie, marquée par une nette hausse des effectifs, la direction de l’école Mosaïque envisage néanmoins de déménager. «Nous nous entendons bien avec le diocèse, mais nous souhaitons pérenniser notre école sur un site qui nous appartiendrait, tout en restant à Nantes et facilement accessible», avance Virginie Bourdageau. «Cela nous stresse beaucoup ; nous ne savons pas encore où nous serons dans un an», ajoute Nathalie Boisson. Faute de subvention publique, l’école Mosaïque est financée par les frais de scolarité, une cagnotte en ligne et, surtout, par du mécénat, avec un soutien, notamment, de la fondation du Bien commun et du fonds de dotation philanthropique Superbloom.