Les Européens sont « prêts » à « apporter les garanties de sécurité à l’Ukraine et aux Ukrainiens, le jour où une paix est signée », a annoncé mercredi soir Emmanuel Macron en recevant à Paris le président ukrainien Volodymyr Zelensky, à la veille de la réunion de chefs d’état de la coalition des volontaires à Paris… Mais Vladimir Poutine, de son côté, affirme depuis Pékin qu’il « entrevoit une lumière au bout du tunnel » en vue d’un règlement de la crise ukrainienne, mais que la Russie restait également « prête à résoudre les problèmes par la force s’il le fallait ».

Après trois ans et demi de guerre, les raids et les combats se poursuivent. L’armée ukrainienne résiste malgré ses difficultés, son manque de troupes et d’équipements. Mais quid de la situation militaire côté russe ? Deux médias russes en exil travaillent depuis plus de deux ans à évaluer le nombre de morts, et leur dernière estimation fait froid dans le dos : 220 000 soldats russes seraient décédés depuis le début de cette guerre… Sans que cela semble perturber la détermination du Kremlin.

Une liste établie à partir des annonces nécrologiques et des registres de successions

Celui-ci fait tout pour dissimuler l’hécatombe : depuis cet été, Rosstat, l’agence officielle de statistiques, ne publie quasiment plus aucune donnée démographique. Alors pour contourner le problème, depuis le début de la guerre, ces médias recensent les annonces nécrologiques, les médias locaux en Russie, les administrations, les réseaux sociaux… Et ils ont établi une liste de 125 000 noms à ce jour, ceux des morts certains, identifiés.

Ils se sont également intéressés aux registres des successions, en examinant l’augmentation des déclarations d’héritage, très forte chez les hommes. Ils sont donc parvenus à extrapoler ce chiffre, crédible, de 220 000 morts, et ont même pu déterminer que l’année 2024 avait été la plus meurtrière, avec 95 000 soldats tués. À la fin de l’année dernière, l’armée russe perdait jusqu’à 3000 hommes par semaine.

De longues rangées de tombes fraîches

Une hécatombe masquée mais que l’on devine dans la société russe. Nous avons eu l’occasion d’aller dans des cimetières où l’on voit désormais de longue rangées de tombes fraiches. Certains assurent que les obsèques de personnes âgées ont lieu parfois de nombreux jours après le décès, parce qu’il y a trop d’enterrements de militaires.

Dans le même temps, il semble que l’armée arrive toujours à recruter, sur la base du volontariat, grâce à des salaires attractifs. Ce que l’on voit dans la liste des morts recensés par ces médias, c’est que les régions loin de Moscou, en Sibérie, dans l’Oural sont surreprésentées. Et ce n’est pas une coïncidence : ce sont les régions les plus pauvres de Russie.