Le trio londonien tire sa révérence sur un disque magistral au parfum de dernier slow d’été : solaire et mélancolique. Un bouquet final inoubliable.

Trente-cinq ans à marcher à contretemps, toujours avec grâce. International, treizième et ultime album de Saint Etienne, referme une parenthèse enchantée entamée en 1991 avec Foxbase Alpha, coup d’essai et coup de maître qui le propulsait directement au sommet des charts anglais. Une fin de partie maîtrisée et en douceur pour le trio formé par Sarah Cracknell, Bob Stanley et Pete Wiggs.

Pourtant, l’écoute d’International serre le cœur. Comment remet-on une pièce dans le flipper ? D’autant plus après la découverte de ces derniers morceaux lumineux, dansants, truffés de clins d’œil à leur parcours sinueux et trop souvent sous-estimé. Coproduit par Tim Powell (ex-Xenomania), International est un disque pop nourri à l’electro et à l’acid house, qui rassemble une myriade d’ami·es de longue date : Vince Clarke, Nick Heyward, Confidence Man, Erol Alkan, Orbital, Doves…

Tout l’univers du trio condensé en un seul disque

Le premier single, Glad, morceau d’ouverture cosigné avec Tom Rowlands (moitié de The Chemical Brothers), annonce que l’album ne sera pas un tombeau, mais bien un feu d’artifice : beats puissants, rythmique métronomique, nappes lumineuses. Dancing Heart, avec Tim Powell, condense tout Saint Etienne : une mélancolie solaire, des refrains accrocheurs et la voix de Sarah Cracknell, toujours sur le fil entre l’évidence et l’évanescence.

Plus loin, The Go Betweens, magnifique duo avec Nick Heyward, touche à l’élégance pop à l’état pur. C’est un slow pour ados devenus adultes, c’est beau et triste à la fois. Sweet Melodies, en collaboration avec Erol Alkan, transforme le deuil en groove tendre, en souvenir qui danse. Two Lovers, composé avec Vince Clarke, fend l’armure.

On y devine une histoire d’amour impossible – thème récurrent chez Saint Etienne –, ici portée par des synthés délicats et une fragilité palpable. Le disque se clôt sur une épitaphe pleine d’ironie douce, The Last Time : “On s’est tous inscrits sur Facebook vers 2008-2009 pour retrouver des amis de lycée. […] Et on a vite compris qu’on n’avait plus rien en commun. Nous avons vite réalisé que nous verrions des photos de leurs vacances jusqu’au jour de notre mort.”  Saint Etienne tire sa révérence sans fracas, mais avec une classe internationale, comme on quitte une fête trop belle avant qu’elle s’étiole. Comme Sarah Cracknell le chante sur Dancing Heart : “Moments like these, they don’t last forever/Turn them to memories.” 

International (Heavenly/PIAS). Sortie le 5 septembre.