Les huit nouveaux champions du monde de badminton sont repartis de Paris avec une médaille et… une montre chronographe. Pas n’importe laquelle : une édition limitée de « The Time changer », créée par l’entreprise française Silmach. Prix de vente de ce précieux objet : un peu moins de 2.000 euros.

Au-delà de son coût, c’est bien sa technologie qui est remarquable. A l’intérieur, plus aucun rouage mécanique, c’est désormais un micromoteur électronique qui fait tourner les aiguilles. Une première mondiale. « Jusqu’ici, c’était électromagnétique », précise Pierre-François Louvigné, le directeur général de cette entreprise de 25 salariés implantée à Besançon, en plein cœur du bassin historique de l’horlogerie.

Il a fallu « plus de vingt ans de mises au point techniques et de recherches » pour en arriver à la naissance de cette innovation. Elle avait déjà été récompensée du prix « Best Innovation Award » au célèbre Consumers electronic show (CES) de Las Vegas en janvier 2024. Et plus d’un an plus tard, elle a été incluse dans une montre afin de montrer ses avantages.

« Notre micromoteur (dit  »MEMS ») est deux fois plus petit, en dessous du millimètre. Ça va permettre de créer des montres plus fines et, même si ce n’est pas toujours un argument commercial, plus légères », reprend l’entrepreneur. « Ensuite, il consomme 25 % de moins d’énergie, ce qui permet de gagner en autonomie. Et pas besoin de lubrifiant ni de maintenance. »

« Une totale révolution »

Enfin, cette nouveauté peut être directement intégrée aux cartes électroniques des montres. « Là où les micromoteurs électromagnétiques devaient être vissés par des petites mains, on va pouvoir les souder car c’est en silicium, la matière première de l’électronique. C’est une totale révolution », insiste le dirigeant, qui croit maintenant beaucoup en une utilisation à grande échelle de sa technologie.

Quand ? Comment ? La première étape a déjà été franchie avec cette fameuse « The Time changer », produites à « quelques centaines » d’exemplaires. La suivante viendra de l’extérieur. « Nous discutons beaucoup avec des fabricants de montres grand public et le déclencheur viendra d’eux. Quand ils décideront d’intégrer notre micromoteur à une de leur gamme. Ce n’est pas plus cher. Nos micromoteurs font partie de la même industrie que les composants électroniques, donc les coûts de productions diminuent nettement avec les volumes », ajoute Pierre-François Louvigné, qui vise d’autres marchés.

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Le luxe en particulier. « Avec nos micromoteurs, il sera possible de recharger, via une microbatterie, sa montre par induction, comme on le fait déjà avec les téléphones. Cinq minutes pourraient suffire pour deux mois d’utilisation. Ça, ça intéresse tout le monde et en particulier ceux qui ont beaucoup de montres ! », détaille encore le natif de Pau, 60 ans. Il soulève une dernière spécificité de son produit : « nous n’utilisons pas de terres rares ni de métaux dangereux, c’est important. » L’avenir des montres se joue peut-être aussi là.