L’institut de statistiques russe ne publie plus le nombre de décès depuis cet été.
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Publié le 04/09/2025 12:21
Temps de lecture : 3min
Un espace du cimetière d’Istra, dans la région de Moscou, est réservé aux soldats russes morts en Ukraine, le 7 février 2025. (STRINGER / AFP)
Où en est la Russie après plus de trois ans de guerre contre l’Ukraine ? Vladimir Poutine a affirmé, mercredi 3 septembre, depuis Pékin, qu’il « entrevoit une lumière au bout du tunnel en vue d’un règlement de la crise ukrainienne », tout en restant ferme sur les garanties de sécurité. Le chef du Kremlin a ajouté que « la Russie restait également prête à résoudre les problèmes par la force s’il le fallait ». Tandis que les raids et les combats se poursuivent, deux médias russes en exil, Meduza et Mediazona, travaillent depuis plus de deux ans à évaluer le nombre de morts côté russe, malgré la censure. Leur dernière estimation fait froid dans le dos : 220 000 soldats russes seraient morts depuis le début de la guerre, sans que cela semble perturber la détermination du Kremlin.
Il a été compliqué de parvenir à ce chiffre car le Kremlin fait tout pour dissimuler l’hécatombe. Depuis cet été, Rosstat, l’agence officielle de statistiques, ne publie plus aucun chiffre de mortalité et quasiment plus aucune donnée démographique. Alors, pour contourner le problème, depuis le début de la guerre, ces médias recensent les annonces nécrologiques dans les médias locaux en Russie, les administrations, les réseaux sociaux. Et ils ont établi une liste de 125 000 noms à ce jour. Elle est publique, il s’agit des morts certains, identifiés.
Et puis, ils se sont intéressés aux registres des successions. En examinant l’augmentation des déclarations d’héritage, très forte chez les hommes, ils sont donc parvenus à extrapoler ce chiffre, crédible, de 220 000 morts. Ils ont pu déterminer que l’année 2024 avait été la plus meurtrière, avec 95 000 soldats tués. À la fin de l’année dernière, l’armée russe perdait jusqu’à 3 000 hommes par semaine. Et le premier semestre 2025 a été tout autant meurtrier.
Cette hécatombe se voit à plusieurs signes, notamment dans les cimetières, où il y a de longues rangées de tombes fraîches. Par ailleurs, les obsèques de personnes âgées ont lieu parfois de nombreux jours après le décès, parce qu’il y a trop d’enterrements de militaires. Une personne raconte aussi à franceinfo qu’elle n’arrive pas à trouver une place en rééducation pour sa mère, parce que toutes les places sont prises par des soldats blessés, estropiés.
Tout cela a des conséquences sur la société mais, dans le même temps, il semble que l’armée arrive toujours à recruter, sur la base du volontariat, grâce à des salaires très attractifs. La liste des morts recensés par ces médias révèle que les régions loin de Moscou, en Sibérie, dans l’Oural sont surreprésentées. Ce sont les régions les plus pauvres de Russie.