Près d’un candidat sur deux a décroché son admission en première année de médecine cette année en Belgique, contre moins d’un sur cinq auparavant.

Des résultats records qui interrogent. En Belgique, le taux de réussite à l’examen d’entrée en médecine a presque triplé cette année, passant de 18,9 % à 47 %. Plusieurs étudiants dénoncent l’usage massif de l’intelligence artificielle chez les candidats.

Au total, 5544 étudiants se sont présentés au concours début juillet. Parmi eux, près de la moitié ont obtenu leur admission, bien que tous ne puissent pas intégrer la formation : environ 900 candidats seront en effet recalés faute de places disponibles. Du jamais-vu. Les années précédentes, le nombre de reçus était si faible que des points supplémentaires avaient parfois été attribués « gratuitement » pour élargir la liste des admis.


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Depuis, la polémique enfle sur les réseaux sociaux. En juillet, trois candidats avaient été exclus pendant l’épreuve après avoir été pris en train d’utiliser l’IA. D’autres ont assuré avoir triché sans être inquiété. Certains témoignent avoir pu « ouvrir un nouvel onglet sur leur ordinateur pendant l’examen sans aucun problème », alors que cela devrait être impossible. D’autres affirment avoir utilisé ChatGPT sur leur smartphone.

Un «nombre de triches limité»

Le président du jury, Jan Eggermont, reconnaît que les moyens de contrôle sont limités, notamment parce que l’examen s’est tenu en ligne mais affirme que la triche reste marginale : « Nous avions plus de 5000 participants et il est impossible de vérifier l’historique de recherche de chacun. Ceux qui ont voulu tricher ont probablement effacé les traces. Pour autant, les ordinateurs utilisés n’étaient pas les nôtres mais ceux des centres d’examen », explique-t-il au quotidien flamand Het Laatste Nieuws (HLN),

L’examen était-il alors simplement plus facile ? Axelle Mpinganzima, qui accompagne les étudiants dans leur préparation, en doute. Celle qui a testé l’épreuve raconte que certains candidats ont bien eu recours à l’IA : « Les modèles deviennent très performants pour résoudre ce type de questions. En partageant son écran, on peut obtenir une réponse en quelques secondes. Avec la version payante, il est même possible de déléguer l’examen à un agent virtuel  pour quelques centaines d’euros », affirme-t-elle dans la même revue. Elle critique également la décision de ne pas examiner les historiques des ordinateurs mis à disposition, rappelant que l’abandon du test papier devait permettre un contrôle plus strict.

La ministre flamande de l’Enseignement, Zuhal Demir, a tenu à calmer le jeu. Selon elle, seul « un nombre limité » de candidats aurait eu recours à la triche lors du concours de juillet. Il n’y aurait donc pas eu de fraude massive selon la ministre qui estime par ailleurs inutile d’organiser une nouvelle session d’examen cette année.

«La ministre admet enfin l’existence d’un problème »

Zuhal Demir a toutefois annoncé vouloir examiner les ordinateurs portables utilisés pendant l’épreuve afin de vérifier un éventuel recours à l’intelligence artificielle. « Nous saluons le fait que la ministre admette enfin l’existence d’un problème », a réagi l’avocat des étudiants plaignants, qui ont engagé une procédure devant le tribunal de Bruxelles. La trentaine de candidats ayant engagé des poursuites demande qu’un expert indépendant soit nommé afin de faire toute la lumière sur la question et espère encore intégrer une formation de médecine, de vétérinaire ou de dentiste lors de la rentrée universitaire flamande le 22 septembre.


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La date de publication des conclusions de l’enquête reste pour l’heure inconnue, tout comme les conséquences en cas de confirmation d’une fraude d’ampleur.