Emmanuel Macron coprésidera le 22 septembre, avec le prince saoudien, une conférence au siège de l’Organisation des Nations unies (ONU), à New York. A cette occasion, la France devrait formaliser sa reconnaissance de l’Etat de Palestine, aux côtés de pays comme l’Australie, la Belgique ou le Canada. Une initiative qu’Israël conteste. Invité de la matinale, Joshua Zarka, ambassadeur d’Israël en France, livre le point de vue de son pays.

« Le boulot d’un ambassadeur est de rendre les relations bilatérales meilleures. La France est un pays qui m’est cher, j’y suis né, et Israël est mon pays », explique Joshua Zarka. Les derniers événements ont fragilisé le lien entre Paris et Tel-Aviv et, en écho au chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, l’ambassadeur considère que « cette politique déstabilise la région au lieu de nous aider à mettre fin à cette guerre terrible ». Derrière cette critique, c’est une inquiétude stratégique : en reconnaissant la Palestine, la France prend le risque, selon Israël, de renforcer indirectement le Hamas. Une « erreur historique » qui, selon lui, ne ferait que compliquer d’éventuelles négociations à venir avec les Palestiniens.

Joshua Zarka rappelle qu’Israël a déjà proposé à plusieurs reprises la création d’un Etat palestinien : « à quatre occasions, 98 % des terres définies comme palestiniennes ont été proposées, avec des échanges de territoires, le partage de Jérusalem, le contrôle des frontières, une armée… On est donc prêt à payer le prix pour la paix, on l’a fait avec l’Egypte, avec la Jordanie, et les accords d’Oslo ». Il souligne qu’avant l’attaque du 7-octobre, la situation à Gaza, bien que fragile, restait plus stable : « des dizaines de milliers de Palestiniens venaient travailler chaque jour en Israël… Cette guerre nous a été imposée par le Hamas. »

Le 7-octobre, « le plus important traumatisme » pour Israël

Depuis, cette date s’est inscrite dans la mémoire collective comme une cicatrice : « le monde a compris que le 7-octobre a été un événement terrible, mais le monde occidental ne mesure pas l’ampleur du traumatisme que cela représente pour nous », souligne l’ambassadeur. « Dans l’histoire du peuple juif, nous vivons de traumatisme en traumatisme. Le 7-octobre est le plus important que l’Etat d’Israël ait vécu. »

Au-delà du Proche-Orient, c’est aussi à l’échelle nationale que les tensions se manifestent. Joshua Zarka reconnaît les efforts de la France contre l’antisémitisme : « c’est un des seuls pays qui a des vrais mécanismes, des lois robustes, et qui les utilise pour combattre l’antisémitisme. […] Mais aujourd’hui, ce n’est pas suffisant face à la quantité d’actes antisémites. » Pour lui, l’éducation reste le meilleur rempart contre la haine. Mais il ajoute que les choix politiques français peuvent entraîner des conséquences néfastes : une reconnaissance de l’Etat palestinien, mal comprise par l’opinion, pourrait attiser davantage les divisions.

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Malgré tout, l’ambassadeur se veut rassurant : « ce que nous voulons, nous Israélien, est simple : vivre en paix avec nos voisins palestiniens. » Et quand on lui demande si la France demeure un allié d’Israël, il répond sans hésiter « bien sûr. »

Daphnée Cataldo

 

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