En juillet dernier, les maires de toutes les communes concernées par la future ligne de train à grande vitesse entre Toulouse et Bordeaux ont reçu un document par courrier envoyé par la DDT, avec un lien permettant de télécharger un dossier. Problème, il s’agit au total d’un dossier de 25.000 pages.

Dans le Tarn-et-Garonne, la future LGV Toulouse-Bordeaux concerne 29 communes. Le 11 juillet, les maires concernés par la future ligne de train à grande vitesse ont reçu un document envoyé par la Direction départementale des territoires. Dans ce courrier, un lien permettant de télécharger un dossier de 25.000 pages. Un document très volumineux sur l’impact environnemental de la LGV. Tellement volumineux que certains maires ne pouvaient pas le télécharger et ont donc demandé une clé USB.

Cette procédure prévue par la loi permet de recenser les éventuels aménagements à faire sur chaque commune traversée par la LGV. Le préfet du Tarn-et-Garonne assure que les communes doivent lire seulement ce qui les concerne et doivent faire des remarques (ou non) sur les impacts environnementaux.

La préfecture du Tarn-et-Garonne affirme qu’un guide de lecture a été fourni, mais ce dossier reste illisible et mal compris pour de nombreux maires.

« Je me suis précipité pour faire imprimer ça »

Françoise Pizzini est maire de Lacourt-Saint-Pierre, près de Montauban. Sur sa commune, trois fermes sont notamment impactées par le passage de cette future LGV, deux seront détruites. Pour informer sa population et se concerter avec son conseil municipal, elle a voulu imprimer le dossier. Mais 25.000 pages, ce n’était peut-être pas une bonne idée

« Je me suis précipitée pour faire imprimer ça, pour qu’on ait un document à la mairie, au moins pour informer la population qu’il y avait des documents à disposition en mairie, raconte-t-elle. J’aurais pu transmettre le dossier à chaque élu pour qu’ils le lise. Mais je me suis lancée là dedans, pensant que c’était un petit dossier, je ne me rendais pas compte. Ce n’était pas possible d’imprimer ça dans une mairie. On a des photocopieurs qui tiennent la route, mais là,  ce n’était pas possible pour nous. Ma secrétaire, elle m’a dit « c’est énorme comme dossier » et l’imprimeur a dit la même chose. Quand il a vu ce que ça a donné, j’ai dit « ah non non, arrêtez tout ! ». Mais le mal est déjà fait, on va recevoir la facture puisque j’ai trois petits cartons reliés, tout est nickel, mais c’est beaucoup trop volumineux. »

« On nous fait acter des choses, mais on n’a rien compris »

À Pompignan, commune tarn-et-garonnaise de 1.800 habitants, le maire Alain Belloc est en colère. Il estime que les maires de petites communes ne sont pas suffisamment aidés pour décrypter le dossier.

« Ce n’est pas bien ce qu’il se passe. C’est pas bien parce qu’on nous fait prendre des décisions, acter des choses où on n’a rien compris nous-mêmes, ça me gêne. Et peut-être que nos populations nous le reprocheront après. Il y a des élus qui ont demandé des résumés de dossiers par l’intelligence artificielle. Malgré ça, même l’IA, elle n’arrive pas à me faire un résumé des événements. On n’est pas des techniciens spécialisés dans les autorisations environnementales, on est simplement maires. On n’arrive même pas à extraire quelque chose de cohérent, qu’on pourrait présenter dans nos conseils municipaux. »

Le préfet du Tarn-et-Garonne indique que la préfecture est à disposition des maires s’ils ont besoin d’aide pour étudier le document. Les maires peuvent téléphoner à la préfecture ou à la DDT.

Ils ont jusqu’au 11 septembre pour rendre leur avis sur l’autorisation environnementale. Mais si ce délai est trop court, le préfet indique qu’une deuxième phase de consultation se tiendra fin octobre-début novembre et leur permettra à nouveau de rendre un avis.