Par

Laurent Fortin

Publié le

4 sept. 2025 à 17h15

Kherson. Aux portes de la Mer noire, au fond de l’estuaire du Dniepr. Tantôt occupée par les Russes, tantôt libérée, la ville ukrainienne de 66 000 habitants vit au rythme des alertes, des menaces d’attaques de drones, des hommes de Poutine et des couvre-feux nocturnes. Ses habitants sont en première ligne des combats. Parmi eux, les adolescents. Une trentaine étaient en Loire-Atlantique pendant une dizaine de jours.

« Beaucoup d’attention à notre égard »

Accueillis par l’association Volya, créée au lendemain de la guerre en 2022, à Nantes, pour accompagner d’éventuels réfugiés et organiser des convois humanitaires. Un séjour qui ressemblait à « une bouffée d’oxygène ».

On retrouve une ambiance de liberté. On est accueillis chaleureusement. Il y a beaucoup d’attention à notre égard. C’est un épisode positif dans notre vie qui n’en compte plus beaucoup.

Illya et Artem

Respectivement âgés de 17 et 15 ans, ces deux jeunes garçons ont parlé avec plein de franchise, de leurs sentiments, lors de leur venue à Clisson pour visiter la ville (le centre historique, le site du Hellfest…).

Depuis trois ans, il n’y a plus d’école. Les cours sont suivis en ligne. Nous avons perdu de vue tous nos copains. Avec le couvre-feu à partir de 21 h (20 h l’hiver), nous ne pouvons plus sortir le soir.

Le duo

Vidéos : en ce moment sur Actu

Les deux adolescents ont profité, même si :

Dans un coin de notre tête, on pense toujours à ce qui se passe chez nous, où sont nos familles, car le danger est permanent.

Votre région, votre actu !

Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.

S’incrire

A voir l’inquiétude dans leurs yeux à chaque passage d’avion dans le ciel, ils sont très marqués.

Anna, leur interprète

Cette Nantaise est également une récente témoin de la dégradation de la situation dans son pays d’origine. Elle a pu s’en rendre compte en juillet dernier en allant voir sa famille à Kiev.

Les Russes pratiquent la peur. Chaque nuit, il y a la menace d’explosions. De nombreuses familles préfèrent s’installer dans le métro et y dormir

Animaje et Volya main dans la main

Cette parenthèse a été rendue possible par l’association d’animation jeunesse Animaje. Son directeur, Yannick Chanson, est aux côtés de Volya depuis sa mise en place avec Natalya et Youssef. Une solidarité qui fait partie de son ADN, lui qui avait lancé des chantiers franco-bosniaques au lendemain de la guerre dans l’ex-Yougoslavie dans les années 90.

Ils ont frappé à la porte car les bénévoles de cette association cherchaient à trouver des activités pendant leur séjour. On a bien évidemment accepté de les accueillir pour la journée.

Il les a également dépannés en fournissant les sacs de couchage manquants et en trouvant une pièce pour réparer le bus en panne. Animaje a aussi fourni le repas du midi : des galettes saucisses qui ont fait craquer la délégation.

Les jeunes ont également participé à différentes animations. Un festival Urban à la Chapelle-sur-Erdre, une journée à Saint-Nazaire, une découverte des Machines de l’île, une réception à la mairie de Nantes… et surtout la Fête de l’Indépendance dimanche dernier, chargée d’émotions.

Killian Masson-Vourch

Un membre de Volya totalement investi depuis qu’il a commencé à côtoyer l’association et surtout être allé à trois reprises en Ukraine.

J’y ai des amis. Que je quitte avec beaucoup de culpabilité et de remords.

Il est ravi que des collectivités viennent en soutien de Kherson. Une signature entre Nantes-Saint-Nazaire et la ville proche d’Odessa a eu lieu ici en mai dernier et à Kiev en juin dernier avec une élue nantaise face à Volodymyr Zelensky.

Ukrainiens et Français se sont distraits sur le moment du midi dans la cour des Cordeliers en jouant au basket.
Ukrainiens et Français se sont distraits sur le moment du midi dans la cour des Cordeliers en jouant au basket. ©Hebdo de Sèvre et MaineUn partenariat avec Nantes et St-Nazaire

Ce sont ces partenariats qui ont aussi permis la venue de cette jeune délégation.

C’est une première.

Youssef et Natalya, co-présidents de Volya

Ils se sont démenés pour mettre en place cette chaîne de solidarité après avoir eu le feu vert en juin dernier.

Car pour que ce voyage soit possible, il faut beaucoup d’administratif, mais aussi beaucoup de persévérance et de réactivité. Notamment pour les finances. Plusieurs mécènes ont joué le jeu. On les en remercie. Nantes métropole à travers la Tan accessible gratuitement et des billets pour des activités. L’association Accoord nous met à disposition l’hébergement.

Mais jusqu’à l’arrivée de bus, les bénévoles de Volya croisaient les doigts pour que ce séjour soit réel. Il l’a été.

Il faut bien imaginer qu’à tout moment sur le trajet, tout pouvait s’arrêter.

Killian Masson-Vourch.

La délégation ukrainienne a pu repartir avec l’espoir qu’un « monde meilleur les attendait un jour ».

Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.