Notre incurie financière peut-elle déstabiliser la zone euro, telle la grave crise de 2011-2012, née de la faillite de la Grèce ? Poser ainsi la question, c’est y répondre. Puissance économique, dimension stratégique, diplomatie, patrimoine, influence, bilan..: France et Grèce n’ont rien de commun. La chienlit politique, la chute du gouvernement Bayrou après celui de Barnier, sera de nouveau néfaste pour la croissance, le déficit, les taux d’intérêt.. Les spreads, l’écart de taux entre la France et l’Allemagne, augmentent. La croissance flageole. Faute de budget, le déficit réduit à 4,6 % est mort et enterré. Par nature, la chute de gouvernements établis préoccupe les investisseurs : ceux qui prêtent n’aiment pas l’instabilité. Notre pays les inquiète-t-il ? Aussi mal gérée soit-elle, la France reste un risque raisonnable, peu susceptible à ce stade de déclencher un remake de la crise des dettes souveraines. Nous pouvons payer et c’est bien ce qui compte. À près de 66 milliards, puis 80, voire 100 à terme, les seuls intérêts de la dette nous coûtent une fortune. Ce problème est grave. Mais c’est le nôtre. Pas celui des marchés qui, aujourd’hui, s’en tiennent à notre épargne record et surabondante de plus de 6 500 milliards. Au fait que, malgré la grogne, nos impôts continuent, bon an mal an, de rentrer. Que, même si l’agence Fitch s’apprête à nous dégrader, notre note financière reste praticable. Enfin, que si le commerce extérieur est dans le rouge, notre balance des paiements courants reste dans le vert. Le solde entre l’argent qui sort et entre dans le pays est positif grâce aux services – banques, assurances, conseils etc. Ce critère est central pour la confiance des créanciers, convaincus que, démonétisé par des décennies de négligence, l’État français est pauvre. Mais la France, un pays riche.