ENTRETIEN – L’animateur de « Questions pour un champion » compte parmi les streamers mobilisés pour le marathon caritatif organisé par Zerator ce week-end. Objectif : « faire encore mieux » que l’édition précédente, où il avait récolté 464 000 euros.

C’est peut-être l’une des associations les plus inattendues de ces dernières années. Samuel Étienne, journaliste du PAF pendant plus de trente ans, passé par les rédactions de Canal + et France Télévisions, mais également animateur de « Questions pour un champion » depuis 2017, est aujourd’hui une figure incontournable de la scène Twitch. Voilà déjà cinq ans qu’il a investi la plateforme de streaming, où il présente quotidiennement une revue de presse. Mais aussi, fait la démonstration de ses talents dans des jeux vidéo. Cette nouvelle passion, le jeune quinquagénaire la partage avec son million d’abonnés, aux côtés de plus jeunes noms du genre, Étoiles, Helydia ou Domingo.

Le « streamer » confie vivre actuellement « sa meilleure vie ». « J’ai toujours dit que je voulais être journaliste et j’ai réalisé ce rêve, poursuit-il. J’ai été très heureux pendant de longues années. Je suis devenu animateur par accident et je pense avoir eu énormément de chance. Ce que j’ai découvert ces dernières années est pourtant tellement fascinant et humainement fort. »


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En début d’après-midi, jeudi, Samuel Étienne a pris la direction de Montpellier à bord d’un train peuplé de vingt autres « créateurs de contenus ». Il s’apprête à vivre « trois jours intensifs » à l’occasion de la neuvième édition du ZEvent, un projet caritatif lancé en 2016 par ZeratoR (Adrien Nougaret) et Dach (Alexandre Dachary). Pendant plus de 50 heures, des personnalités de la scène Twitch diffuseront du contenu en direct au profit de huit associations (La Ligue contre le Cancer, l’Association Française des aidants, Helebor, Ligne de Nuit, Le Rire Médecin, Sourire à la Vie, l’Envol et Sparadrap). Ils seront 278, dont une quarantaine, sur place, réunie à Montpellier. À l’image des trois dernières éditions, leur objectif sera de collecter quelque 10 millions d’euros. Depuis son lancement, l’événement affiche un total de 41 millions d’euros de donations.

Candidat à l’élection présidentielle ?

C’est la deuxième fois que l’ancien journaliste participe, en tant que streamer, au ZEvent. L’année dernière, il avait récolté près de 464 000 euros de dons sur l’ensemble des trois jours. « Quand je l’ai fait pour la première fois, je me suis dit que la boucle était bouclée, raconte Samuel Étienne au Figaro. Je suis tombé amoureux de Twitch grâce à cet événement, et maintenant j’y participe. Quand j’ai vu le montant de ma cagnotte, j’étais fier, car c’était à la hauteur de mon implication et de ma préparation pour l’événement. » Chaque année, les différents créateurs de contenu, passionnés de jeu vidéo, de sport, de cuisine ou encore de voyage, s’imposent des gages en fonction de l’argent qu’ils récoltent. Une manière de motiver le public à faire grossir la cagnotte. En 2024, Samuel Étienne avait ainsi promis de dévoiler ses tatouages à ses abonnés s’ils donnaient plus de 500 000 euros aux associations. Il a finalement baissé le seuil à 400 000 euros et a tenu sa promesse.

L’animateur réitérera avec les tatouages ce week-end. « Je me ferai tatouer en direct si l’on atteint des 500 000 euros, assure-t-il. Je demanderai qu’on me fasse un dragon, mon quatrième. » Il a aussi promis de « faire le tour du local tout nu ». Samuel Étienne explique toutefois que ce défi est une blague en raison des réglementations de Twitch, très strictes sur la question. « Je n’ai pas envie que les 35 autres streamers soient bannis à cause de moi ! », plaisante-t-il. Un autre « donation goal », comme l’appellent les créateurs de contenus et leurs abonnés, ressemble à une blague : « Si je récolte un million d’euros, je me présente à la présidentielle. » Samuel Étienne l’avait déjà évoqué l’année dernière. « Aujourd’hui, c’est du sérieux. Si on le fait, je vais chercher les 500 signatures », annonce-t-il car pour être candidat, il faut réunir le paraphe de maires et de grands élus. « Et je créerai mon programme avec les gens. »

« Construire un programme cohérent »

L’animateur entend se servir de son émission « La matinée est tienne », diffusée tous les matins sur sa chaîne Twitch. Ce rendez-vous quotidien, suivi par plusieurs milliers de personnes en direct, consiste en une revue de presse des journaux nationaux. « Je parle à un public de 18-30 ans, dont une partie s’intéresse assez peu à l’actualité, souligne-t-il. Je m’informe uniquement par la presse écrite. C’est un travail de rigueur et d’honnêteté. Je veux que les personnes qui me suivent comprennent que lire Le Figaro ou Libération est mieux que de s’informer par le biais des réseaux sociaux. »

La démarche est humoristique, mais le chemin qu’on va emprunter va être sérieux

Samuel Étienne

L’idée finalement très sérieuse d’une candidature à l’élection présidentielle part d’une initiative collective : « Avec mes abonnés, nous allons nous questionner chaque jour sur des sujets d’actualité. Nous en parlerons ensemble, étudierons les propositions des uns et des autres afin de construire un programme cohérent. Nous allons y aller et nous gagnerons au travers une campagne 100 % numérique. » 


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Samuel Étienne, trente ans de journalisme derrière lui, sait bien que sa campagne ne le conduira pas jusqu’à l’Élysée. mais sa simple candidature – encore hypothétique aujourd’hui – doit permettre d’éduquer et de sensibiliser le public à la politique. À commencer par ses abonnés. Pour certains, la politique est « devenue un gros mot ». « C’est le prolongement d’un travail que j’effectue depuis cinq ans, éclaire-t-il. Ça sera un apprentissage peu importe l’issue. Mes chances de devenir président sont très minces. La démarche est humoristique, mais le chemin qu’on va emprunter va être sérieux. »

Accro au jeu vidéo Valorant 

Cette potentielle candidature à l’élection présidentielle de 2027 n’est même pas le pallier le plus compliqué à atteindre. En haut de la liste, Samuel Étienne a promis d’arrêter de jouer à Valorant, un jeu de tir tactique à la première personne, s’il récolte deux millions d’euros de dons. « Ça, pour le coup, c’est une blague », corrige-t-il. L’animateur s’est pris d’affection pour ce jeu vidéo et confie en être devenu « addict ». La semaine dernière, il faisait partie d’une équipe de France e-sport lors d’un tournoi international à Berlin. « C’est marrant, car je découvre tous ces jeux avec du retard et mon niveau n’est pas très bon, admet-il. Pourtant, je relance tout le temps des parties, je me mets parfois en colère, mais même si je dis souvent que je veux arrêter, je ne le fais pas. Mon message ce week-end sera de dire qu’arrêter Valorant est plus difficile que de devenir Président. »

En dehors de ces différents défis, Samuel Étienne souhaite avant tout passer un bon moment en compagnie de la quarantaine de streamers présente dans le local de Montpellier. « Nous avons tous cette passion pour les jeux vidéo, pour la création de contenu et pour Twitch malgré nos différences d’âge et de caractère », se réjouit l’animateur. Il promet à ses abonnés une « ambiance de fête pendant trois jours ». « Les gens peuvent imaginer que nous passons le week-end devant un PC, mais il y a beaucoup d’autres activités de prévues, constate-t-il. Tout sera loufoque et fraternel, car l’idée est de faire rire les spectateurs et de les divertir. » 

Les hostilités du ZEvent seront lancées dès jeudi soir avec un « concert événement » organisé au Zénith Sud de Montpellier. Le groupe IAM, le rappeur Alonzo et le chanteur Carbonne seront les têtes d’affiche de ce rendez-vous musical dont la billetterie affiche complet. Le verdict de l’événement sera donné dimanche en fin de soirée. Samuel Étienne espère « faire encore mieux » qu’en 2024 avant, peut-être, de s’installer dans le Salon doré de l’Élysée en 2027.