YES Studios
SÉRIE TV – La polémique prend de l’ampleur à Marseille. Le tournage de la série israélienne Fauda, un temps prévu dans la cité phocéenne et finalement programmé à Budapest, vire au règlement de comptes politique ce jeudi 4 septembre.
Lundi, plusieurs médias israéliens avaient annoncé qu’une portion de la saison 5 de cette série censée être tournée à Marseille était finalement annulée « pour des raisons de sécurité ». De quoi rapidement faire réagir des responsables politiques marseillais, au premier rang desquels la présidente divers droite du département des Bouches-du-Rhône Martine Vassal, qui a écrit sur X lundi : « Comment Marseille peut-elle laisser l’antisémitisme s’installer au point de dissuader les artistes ? ».
Il aura fallu attendre ce jeudi pour que la société israélienne qui produit Fauda, YES Studios, assure à l’AFP que « les questions de sécurité ne sont pas à l’origine du transfert du tournage de la 5e saison de Fauda de Marseille à Budapest ». Le projet « n’en était même pas encore au stade des autorisations de tournage », selon la mairie de Marseille, qui explique aussi à l’AFP qu’il a été abandonné « notamment pour des raisons logistiques ».
Une source proche du dossier ajoute que « le contexte géopolitique rendait le tournage éventuel hyper-compliqué et a fait reculer la production israélienne », qui craignait « potentiellement des blocages des tournages ». Pourtant, une première bande-annonce de cette saison 5, diffusée sur les réseaux sociaux, montrait bel et bien des scènes censées se dérouler à Marseille, notamment un plan de l’emblématique Bonne Mère.
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Lire la Vidéo « Antisémitisme de Marseille fictionnel »
Dans ce contexte tendu autour de la série qui compte l’actrice française Mélanie Laurent au casting, l’affaire Fauda a pris une tournure très politique, gauche et droite s’invectivant sur les réseaux sociaux. Ce qui s’explique, en partie, par l’arrivée imminente des élections municipales de 2026 et l’ambiance tendue à Marseille après l’agression au couteau survenue en plein centre-ville mardi.
Pierre-Marie Ganozzi, adjoint aux écoles de la mairie de gauche, a donc interpellé sur X Martine Vassal, pressentie comme candidate de la droite, l’accusant d’avoir partagé une fausse information sur l’annulation du tournage : « Et hop ! Une fake news de plus ! Mensonges et outrances ! ». Un autre adjoint au maire, Jean-Pierre Cochet, a lui dénoncé « l’instrumentalisation d’un “antisémitisme de Marseille” fictionnel », avant de se faire recadrer par la droite.
La deuxième ville de France, façonnée par l’immigration, est souvent louée pour son vivre-ensemble et accueille parmi les plus importantes communautés musulmanes et juives d’Europe. À ce titre, une source policière a indiqué à l’AFP avoir observé une « augmentation des actes antisémites » après le 7 octobre, particulièrement des dégradations (tags et inscriptions) qui en constituent la majorité. Le nombre d’agressions physiques à caractère antisémite, en revanche, est resté stable.
La présidente du Crif Marseille-Provence, Fabienne Bendayan, avait déploré lundi sur X « un choix révélateur du climat qui s’installe ». Ce jeudi, elle explique à l’AFP que la décision de la production israélienne « entache l’image de la ville », mais rappelle que Marseille a « une image sulfureuse » en termes de sécurité. Et si « on doit reconnaître qu’on a été assez préservés », Marseille n’a « pas été épargnée par la flambée d’antisémitisme », ajoute-t-elle, dénonçant des actes commis « le week-end dernier encore ». Citant notamment des insultes et une agression, ainsi que l’arrachage d’affiches en hommage à Ilan Halimi, un jeune Juif torturé à mort en 2006.