En 2024, les Centres de santé sexuelle du Nord ont réalisé près de 30 000 consultations, dont 4 000 pour des mineurs. © Adobe Stock
Selon le rapport de Santé publique France, en 2023 on estime à 55 500 le nombre de cas de chlamydioses, 23 000 pour les gonococcies et 5 800 pour les syphilis récentes diagnostiquées dans l’Hexagone. Ces trois IST bactériennes sont en nette progression depuis dix ans, en particulier la gonococcie.
Pour ce qui est du VIH, le même rapport fait état de 4 200 nouveaux diagnostics en 2022, dont un quart concernent les moins de 25 ans. Une tranche d’âge particulièrement vulnérable. Côté protection, la tendance est également préoccupante. Selon l’OMS, l’usage du préservatif au premier rapport sexuel a reculé entre 2014 et 2022, passant de 70 % à 61 % chez les garçons et de 63 % à 57 % chez les filles.
Pourtant, rappelons que depuis 2023, les préservatifs masculins et féminins sont gratuits en pharmacie pour les moins de 26 ans, sans ordonnance. Et depuis le 1er septembre 2024, un dépistage du VIH, de la syphilis, de la chlamydia et de la gonococcie peut être réalisé sans ordonnance en laboratoire, pris en charge à 100 % pour les moins de 26 ans.
Une éducation sexuelle qui reste lacunaire
La loi française (article L.312-16 du Code de l’éducation) prévoit depuis 2001 que chaque élève bénéficie de trois séances annuelles d’éducation à la sexualité. En pratique, une enquête de l’Inspection générale et du Conseil économique, social et environnemental (CESE) a révélé que moins de 15 % des élèves assistent effectivement à ces trois séances.
Les thèmes abordés restent souvent centrés sur la reproduction, la contraception et les IST, au détriment d’aspects essentiels tels que :
- le respect des corps,
- la notion de consentement,
- l’intimité en ligne.
Autrement dit, on apprend encore peu aux jeunes comment poser des limites claires, se protéger des pressions ou comprendre que le « non » doit être respecté dans la vie réelle comme sur les réseaux sociaux.
L’ombre croissante du cybersexisme
Le cybersexisme (insultes sexistes, diffusion de photos intimes sans consentement ou envoi de « dick pics ») est désormais reconnu comme une violence à part entière. D’après une enquête menée par le Centre Hubertine Auclert, une partie importante des adolescentes a déjà été exposée à des contenus ou images sexuelles non sollicitées.
Ces violences numériques provoquent des conséquences psychologiques profondes : anxiété, perte de confiance, sentiment de honte.
Pour l’IH2EF (Institut des hautes études de l’éducation et de la formation), le cybersexisme s’inscrit dans la continuité du sexisme ordinaire et doit être combattu par une prévention systématique dès le collège.
Un enjeu de santé publique global
Alors que 57 % des jeunes interrogés pour le Sexport d’Adam&Eve déclarent avoir eu leur première expérience sexuelle avant 18 ans, la santé sexuelle en France ne peut plus se limiter à la seule prévention des grossesses ou des IST. Elle doit aussi garantir le droit à l’information, le respect de l’intimité, l’égalité entre les sexes et la protection contre les violences numériques.
Alors que les chiffres montrent une hausse des infections et un recul des comportements de protection, la société française est confrontée à un double défi :
- Renforcer l’éducation sexuelle de manière complète et effective dans les établissements scolaires.
- Prendre à bras-le-corps les violences sexistes numériques, qui fragilisent de plus en plus la santé mentale des jeunes.
Pour de nombreux professionnels, la solution passe par cette éducation à la sexualité globale et précoce. En parler tôt aux enfants peut réellement les protéger. Aborder les règles, le consentement, le désir ou l’intimité n’incite pas à la sexualité précoce, mais permet de donner des repères clairs et sécurisants.
À SAVOIR
Selon Santé publique France, la couverture vaccinale HPV atteint aujourd’hui 51 % chez les filles de 15 ans et seulement 18 % chez les garçons du même âge. L’objectif fixé par les autorités sanitaires est d’atteindre 80 % d’ici 2030, conformément au plan de l’OMS visant à éliminer le cancer du col de l’utérus comme problème de santé publique.
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