Spécialisée dans la mécanique de précision et haute précision implantée à Saint-Etienne, au Technopôle, PSI a su s’affranchir des marchés de sous-traitance automobile à partir de 2009 pour se tourner vers des marchés de pointe, nucléaire en tête désormais mais aussi le spatial, l’optique, l’armement. Activités souvent croisées et exigeantes – forcément – en équipements, cahiers des charges et savoir-faire. Qui plus est pour une PME de 15 personnes. Mais infiniment plus lisibles question perspectives.

Jacques Patras devant une nouvelle machine-outil à l’apport décisif : une « rectifieuse plane numérique ». ©If Médias / Xavier Alix

Elle est certes très loin d’être la seule dans la Loire. Mais la crise des « subprimes », PSI l’a particulièrement sentie passer. « Je venais juste d’effectuer ma première opération de croissance externe, une entreprise à Saint-Priest-en-Jarez, pile avant que ça n’éclate, raconte son dirigeant, Jacques Patras. La société rachetée a perdu 85 % de son activité en un rien de temps. Elle travaillait pas mal pour Michelin… » C’était en 2008 et l’automobile, déjà, était en première ligne face à ce séisme et ses répliques en cascade. A fortiori pour les sous-traitants du secteur, loin de manquer au sein d’une métallurgie ligérienne qui en faisait alors un fer de lance de ses activités.

17 ans plus tard, moins, sinon beaucoup moins selon cas. Spécialisée « dans la mécanique de précision et haute précision, concepteur et fabricant de pièces, sous-ensembles et biens d’équipement », PSI – pour Précision Stéphanoise Industrie – est une petite PME de 15 salariés au savoir-faire de pointe qui entre dans la catégorie des « carrément » moins. « Nous sommes montés à 80 % de notre chiffre directement liés à l’automobile. Mais après 2008, nous avons décidé de sortir de cette dépendance, des à-coups terribles de ce marché et cette pression du toujours moins cher. Aujourd’hui, nous ne réalisons qu’autour 10 % de notre chiffre avec l’auto, sur un créneau (usinage 5 axes et rectification d’outillages de contrôle et de production, Ndlr) par ailleurs rentable dont nous n’avons pas à nous plaindre. » Environ 10 % en 2024 sur 2,7 M€ de CA quand tout ce qui touche au nucléaire en fournit désormais 40 %. C’était quatre fois moins il y a encore 4 ans. C’était avant d’intégrer un chargé d’affaires spécifique sur le sujet.

Le train du nucléaire pris en amont

Le retour en grâce du secteur nucléaire en France et la perspective de la commande publique allant avec ont bien été sentis par PSI. Elle travaille par exemple mais notamment pour Framatome sur des équipements permettant la manipulation de combustible à Romans-sur-Isère. Aussi, la petite PME semble une illustration parfaite pour le consortium « Fusion 42 » récemment monté par les milieux économiques de la Loire afin de fédérer et orienter la métallurgie, la mécanique du département vers ces sources de marchés qu’est censé présenter dans les 20 à 30 ans le nucléaire en France. Ce n’est pas pour rien que Jacques Patras est référent Mécaloire – qu’il a d’ailleurs présidée par le passé – à ce sujet. PSI sera d’ailleurs cet automne pour la 3e fois consécutive présent au WNE de Paris (LE salon du nucléaire civil), membre d’un contingent ligérien plus touffu que jamais. C’est en 2001 que Jacques Patras est passé à l’entrepreneuriat en reprenant PSI. « A cette époque, l’entreprise n’avait pas assez investi dans son outil de production, trop vieillissant et portant sur des pièces à trop faible valeur ajoutée. »

Le nouveau patron décide d’y remédier. Un souci depuis constant, jamais démenti : jusqu’à l’équivalent 10 % du CA y passe chaque année, près de 300 000 € à amortir sur chaque exercice mais condition sine qua non de la réussite, de la survie au même titre que la diversification sur des marchés de niches à forte exigence mais aussi à forte valeur ajoutée. S’ajoute aussi cette capacité toujours plus prégnante à élaborer un projet de A à Z pour le client à partir de son cahier des charges et pas seulement une pièce précise. Résultat : une rentabilité « à deux chiffres » via une multitude de « marchés de niches pour des pièces unitaires, ou des petites séries réclamant jusqu’à 15 opérations », résume Jacques Patras. Niches souvent étonnantes.

Des pièces de PSI voyagent dans l’espace

Comme chez des voisins aux activités proches, eux aussi situés au Technopôle, à l’image de Microrectif (dont nous vous parlions dans cet article il y a 4 ans), des pièces élaborées dans l’atelier de PSI ont pour objectif de finir dans l’espace ! Le spatial donne en effet lieu à 15, voire 20 % de l’activité selon les années via un certain groupe Safran pour client. « Il s’agit de pièces fournies pour de systèmes optiques. Entre la commande et la mise en orbite, il faut 4 ans de cheminement. Il faut dire que nos traitements doivent amener à les faire résister à d’énormes amplitudes de température : 200° C en étant exposés au Soleil puis brusquement au froid de l’espace à – 200° ! L’optique en général, c’est aussi un débouché important pour nous. Nous sommes sous-traitants de Thalès sur ses activités civiles comme militaires (zoom de caméras et de jumelles de vision nocturne, Ndlr). L’armement, c’est aussi un autre axe de développement : nous travaillons régulièrement pour le site Nexter de Tulle. »

Entre la commande et la mise en orbite, il faut 4 ans de cheminement.

Jacques Patras, dirigeant de PSI

Récemment, c’est un marché spectaculaire, sortant des canaux plus ou moins habituels d’activités qu’a décroché PSI, du côté des Etats-Unis. Avoir travaillé sur un sujet analogue pour le CNRS en 2020 lui a ouvert la connaissance d’un appel d’offres remporté émis par un laboratoire américain travaillant sur l’accélération de particules : 40 sous-ensembles de matériels scientifiques à fournir d’ici fin 2026. Une commande à 700 000 € obtenue grâce au savoir-faire déjà existant dans le traitement de l’inox 316 LN, présentant une faible perméabilité magnétique. PSI est en mesure d’accentuer par usinage cette perméabilité nécessaire à ces travaux de recherche autour des particules. Les soubresauts douaniers de Trump n’auront finalement rien changé à la commande malgré quelques craintes initiales. De quoi renforcer sur l’exercice en cours la variable « export » du CA (elle oscille entre 10 et 30 % du chiffre selon les années), PSI travaillant déjà pour la Suisse (Rolex), l’Irlande (des implants médicaux), plus marginalement pour l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne ou encore l’Inde et la Roumanie.

Faire face à des nouveaux marchés et leur complexité croissante exige comme déjà dit, d’investir sans cesse dans l’outil de production. Récemment, l’acquisition d’une « rectifieuse plane numérique » à plusieurs centaines de milliers d’euros visait certes à honorer la fameuse commande américaine mais ouvre aussi de nouvelles perspectives de marchés tout en éliminant des étapes sous-traitées ailleurs, les moyens de PSI dans ce domaine étant jusque-là trop « conventionnels ». Un investissement qui obtenu le soutien de la Région Aura pour un peu plus de 20 000 € dans le cadre de son dispositif « Pack Reloc ». L’entreprise s’engageant à embaucher grâce à cette acquisition et comme prévoit l’accord de cette aide publique. En l’occurrence deux personnes dans les 2 ans à venir.