Quand roulerons-nous tous en électrique ? Au cœur de l’été, l’agence d’urbanisme Bordeaux Aquitaine (A’urba) a publié une étude sur l’électromobilité en Gironde. Le document se concentre notamment sur l’usage des véhicules électriques et hydrogènes, dont la généralisation promet d’être un fort levier pour décarboner le secteur des transports.

1 Les véhicules électriques représentent 2,4 % du parc automobile

L’A’urba constate la hausse du nombre de ces voitures en circulation. Il est passé de 487 en 2014 à 23 802 en 2024. Cette flotte représente désormais 2,4 % du parc automobile total du département. Le réseau de bornes de recharge est aussi en expansion, avec 289 points ouverts au public en Gironde pour 100 000 habitants au premier trimestre 2025. Ce chiffre s’établit à 227 en Charente-Maritime et 355 dans les Landes.

D’ici à la fin de l’année 2025, dans la métropole bordelaise, le nombre de stations aura été multiplié par dix par rapport à l’été 2020, passant de 17 à 171. Avec l’offre privée, 3 000 bornes de recharge seront en service.

2 Un « électromobiliste » souvent actif et propriétaire de sa maison

L’étude permet de dresser un profil type du propriétaire de véhicule électrique en Gironde, sur la base de données de 2021. Dans 8 cas sur 10, il s’agit d’un actif en capacité de financer le coût d’achat élevé d’une voiture électrique. « L’électromobiliste » est souvent un propriétaire habitant dans une maison individuelle, ce qui facilite la recharge de sa voiture. En revanche, les retraités sont sous-représentés parmi les rouleurs en électrique.

3 Quel rythme pour atteindre 100 % de véhicules électriques ?

L’A’urba projette également l’évolution du parc afin d’atteindre 100 % de véhicules électriques et à hydrogène (VE & H) en 2050, soit l’année fixée par la France pour atteindre la neutralité carbone. En établissant une évolution annuelle du parc automobile girondin à 0,43 %, l’agence a retenu trois scénarios. Le premier dit de « croissance historique » se base sur l’évolution moyenne des immatriculations de VE & H en Gironde entre 2014 et 2024, soit 47,5 % par an. À ce rythme, la Gironde atteindrait la cible en 2049. Cependant, cette perspective est jugée peu réaliste car elle « suppose que, dès 2028, l’ensemble du parc automobile girondin se renouvelle à partir de véhicules électriques » alors même que la fin de la commercialisation des véhicules thermiques n’interviendra qu’en 2035.

Le « scénario dynamique actuelle », qui s’appuie sur l’évolution des immatriculations de VE & H entre 2023 et 2024, projette une électrification totale pour 2056. Ce rythme est considéré comme insuffisant et nécessiterait une accélération brutale des immatriculations à partir de 2035. Enfin, le « scénario zéro thermique 2035 » apparaît comme une évolution intermédiaire. Dans ce cas, l’électrification complète interviendrait seulement en 2054. Dans tous les cas, le chemin s’annonce donc très étroit pour atteindre l’objectif.

4 Il faudra produire 12 % d’électricité en plus

Le déploiement d’un parc électrifié va peser sur la consommation en électricité. « Le territoire girondin devrait augmenter sa production électrique de 12 % par rapport à 2023 pour satisfaire les nouveaux besoins générés par l’électrification du parc automobile girondin en 2050 », estime l’A’urba. L’agence n’élude pas les défis colossaux qui s’annoncent : outre l’énergie, l’accessibilité des matières premières, l’installation des bornes en secteur rural, etc. Elle rappelle le rôle essentiel que devront jouer les pouvoirs publics.