La spectaculaire parade militaire qui s’est tenue le 3 septembre, à Pékin, pour marquer le 80e anniversaire de « la victoire de le Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise » a été l’occasion pour l’Armée populaire de libération [APL] de faire étalage de sa puissance en dévoilant de nombreux nouveaux blindés, missiles et drones.

Parmi ceux-ci, le missile balistique stratégique intercontinental DF-5C a notamment retenu l’attention des observateurs, avec sa portée de 20 000 km, ce qui lui permettrait de frapper un objectif « n’importe où sur la terre », selon le quotidien Global Times, associé au Parti communiste chinois. Même chose pour le HQ-29, décrit comme étant capable d’intercepter une cible évoluant à 500 km d’altitude, et donc les satellites placés en orbite basse.

L’APL a également dévoilé trois nouveaux missiles antinavires hypersoniques [les YJ-17, YJ-19 et YJ-20], les missiles à capacité nucléaire JL-1 [aéroporté], JL-3 [pour les sous-marins], DF-61 et DF-31BJ, les drones sous-marins de type XLUUV [eXtra Large Uncrewed Undersea Vehicle] AJX002 et le HSU100, des drones aériens de combat [GJ-11 Sharp Sword et deux autres modèles, de type « ailier fidèle » inconnus], les chars Type 99B et 100, des blindés dédiés aux opérations amphibies ainsi que des armes à énergie dirigées, dont le système LY-1, présenté comme étant le « canon laser le plus plus puissant du monde », sans plus de précision.

Cela étant, la Chine n’est évidemment pas la seule à développer des armes à énergie dirigée. Ainsi, fin 2024, la marine américaine a testé avec succès, depuis le « destroyer » USS Preble, le système laser HELIOS [High Energy Laser and Integrated Optical Dazzler and Surveillance] contre une cible simulant un missile de croisière.

Au Royaume-Uni, la Royal Navy a fait connaître son intention d’équiper ses frégates avec l’arme laser « DragonFire », qui, d’une puissance de 50 kW, est en mesure d’abattre des drones à « plusieurs kilomètres » de distance. Plus récemment, les forces israéliennes ont recours à une telle technologie pour abattre des drones du Hezbollah, après avoir dévoilé le système Iron Beam, d’une puissance de 100 kW.

La France n’est pas en reste. En juin 2023, la Frégate de défense aérienne [FDA] Forbin a testé le système HELMA-P, développé par CILAS dans le cadre du marché L2AD [Laser de lutte anti-drones]. À l’époque, le ministère des Armées avait indiqué que le succès de cet essai allait ouvrir la voie « à une poursuite du développement du prototype en vue de son intégration, à terme, aux bâtiments de la Marine ». Par la suite, ce dispositif a été déployé à l’occasion des Jeux olympiques de Paris.

Mais il est question d’aller plus loin. En effet, ce 4 septembre, la Direction générale de l’armement [DGA] a annoncé qu’elle venait de notifier à un consortium formé par MBDA, Safran Electronics and Defense et CILAS la commande d’un « démonstrateur de laser de forte puissance destiné à la lutte antidrone ».

Ce contrat vise à développer à un démonstrateur d’un système d’arme laser qui, appelé SYDERAL [Système Laser de Défense de Nouvelle Génération], aura une puissance de plusieurs dizaines de kilowatts et qui bénéficiera de « technologies innovantes permettant de combiner et de concentrer l’énergie laser pour neutraliser notamment les drones tactiques avec une efficacité maximale ».

Selon la DGA, devant être conçu sur la « base d’une architecture évolutive et modulaire » tout étant « relativement compact au regard de la puissance visée », SYDERAL « permettra d’évaluer l’efficacité de l’arme laser pour la neutralisation de drones tactiques, de roquettes, d’obus de mortier et de munitions téléopérées, en vue d’équiper les forces armées à l’horizon 2030 ».

Le consortium retenu pour ce projet « apportera une expertise de haut niveau sur les technologies complexes nécessaires » à sa réalisation, en particulier dans les domaines de la « combinaison de faisceaux laser, du suivi vidéo automatique de haute précision et de l’optique adaptative ».

Ce projet a déjà fait l’objet d’un premier contrat, notifié en 2024 à Lumibird et à CILAS. D’un montant de 10 millions d’euros, il prévoyait le développement d’une « filière de sources laser ayant des caractéristiques permettant d’en combiner un grand nombre, en vue d’obtenir une très forte puissance »… Ce qui est l’objectif final de SYDERAL, celui-ci devant être en mesure de « faire face à des menaces plus complexes comme les missiles », a conclu la DGA.

Pour rappel, une arme laser possède au moins deux avantages : elle est précise et son coût d’utilisation est très faible par rapport à celui d’un missile surface-air. En revanche, leur efficacité dépend de plusieurs facteurs, à commencer par les conditions météorologiques.

Photo : MBDA