Le 15 mars, le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas étant arrivé à son terme sans être reconduit, le président américain, Donald Trump, a ordonné un raid massif contre des positions tenues au Yémen par les rebelles houthis alors que ceux-ci s’apprêtaient visiblement à reprendre leurs attaques contre le trafic maritime en mer Rouge.
Cette opération américaine a marqué le début d’une campagne militaire appelée à s’inscrire dans la durée. En effet, le Pentagone a depuis significativement renforcé son dispositif au Moyen-Orient, avec le déploiement d’un second groupe aéronaval [formé autour du porte-avions USS Carl Vinson] et d’avions de combat de l’US Air Force [F-35A et A-10 Warthog]. En outre, des bombardiers stratégiques B-2 Spirit ont été envoyés à Diego Garcia.
Malgré plusieurs frappes précédemment effectuées par les forces américaines et britanniques, dans le cadre de l’opération « Gardien de la prosperité », contre leurs dépôts d’armes et leurs centres de commandement et de contrôle, les houthis ont su conserver leur potentiel de nuisance.
Un responsable militaire américain a ainsi confié au site spécialisé The War Zone que la taille de leur arsenal était un « mystère ». Il y a beaucoup de choses que nous ignorons actuellement sur eux. […] Ce que je peux dire, c’est qu’ils sont très innovants. […] Nous avons été parfois surpris par certaines choses que nous les voyons faire, et cela nous laisse un peu perplexes », a-t-il affirmé.
Quoi qu’il en soit, depuis la mi-mars, les forces américaines ciblent régulièrement l’infrastructure militaire des houthis. Cela étant, le 17 avril aura sans doute été un tournant.
En effet, le commandement militaire américain pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale [US CENTCOM] a fait savoir que les forces placées sous son autorité venaient de détruire le port pétrolier de Ras Issa, contrôlé par les rebelles yéménites.
« Les houthis continuent de bénéficier d’aides économiques et militaires de la part de pays et d’entreprises qui apportent un soutien matériel à une organisation terroriste étrangère désignée », a d’abord affirmé l’US CENTCOM.
« Soutenus par l’Iran, les houthis utilisent le carburant pour leurs opérations militaires ainsi que pour en tirer un profit économique. Ce carburent devrait être fourni légalement à la population yéménite. Malgré le fait qu’ils ont été désignés comme terroristes, des navires ont continué de les ravitailler en carburant via le port de Ras Issa. Les profits de ces ventes illégales financent et soutiennent directement les activités terroristes des houthis », a poursuivi l’US CENTCOM.
D’où le raid effectué par les forces américaines pour « saper la source du pouvoir économique des houthis, qui continuent d’exploiter et de faire souffrir leurs compatriotes. Il n’avait pas pour but de nuire au peuple yéménite, qui aspire légitimement à se libérer du joug des houthis et à vivre en paix », a-t-il fait valoir.
Major fires burning at the Ras Isa port on Yemen’s western coast following U.S. airstrikes aimed at destroying the facility pic.twitter.com/GYIPtnc9fK
— ELINT News (@ELINTNews) April 17, 2025
Et de conclure : « Les houthis, leurs maîtres iraniens et ceux qui aident et encouragent sciemment leurs actions terroristes doivent être avertis que le monde n’acceptera pas la contrebande illicite de carburant et de matériel de guerre vers une organisation terroriste ».
Citée par le site spécialisé USNI News, Nadwa Dawsari, chercheuse associée au Middle East Institute, a estimé que la destruction du port de Ras Issa était une « escalade majeure », alors que la Banque internationale du Yémen [IBY] venait d’être sanctionnée par les États-Unis car jugée « essentielle » pour les rebelles yéménites. En effet, selon elle, le « carburant est essentiel à l’économie de guerre des houthis : il alimente les transports, la contrebande, les opérations militaires et constitue une source essentielle de revenus du marché noir pour le groupe ».
Selon la chaîne de télévision Al-Massirah, proche des houthis, le dernier bilan du raid américain s’élèverait à 58 morts et à 126 blessés.
Par ailleurs, si, dans son communiqué, l’US CENTCOM a insisté sur le rôle de l’Iran, la diplomatie américaine a dénoncé l’inaction de Pékin au sujet de la société Chang Guang Satellite Technology, laquelle soutiendrait « directement les attaques des terroristes houthis, soutenus par l’Iran, contre les intérêts américains », via de l’imagerie satellitaire.
« Leurs actions, et le soutien de Pékin à cette entreprise [qui serait liée à l’Armée populaire de libération et à l’ex-groupe paramilitaire russe Wagner, ndlr] malgré nos contacts privés avec eux, constituent un exemple de plus de la promesse vide, par Pékin, de soutenir la paix », a fait valoir Tammy Bruce, la porte-parole du département d’État américain.