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Lucie Fraisse

Publié le

4 sept. 2025 à 18h46

C’est l’un des marronniers de la rentrée — et d’ailleurs de toute la période scolaire- : depuis plusieurs années, les écoles de Toulouse manquent cruellement d’accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH). Dans les établissements scolaires, des enfants qui doivent bénéficier d’un accompagnement spécifique, dûment notifié par la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), se retrouvent privé de ce soutien qui leur est pourtant essentiel.

Trois AESH quand il en faudrait sept dans l’école
Une mobilisation des parents d'élèves a été organisée devant l'école des Sept deniers, à Toulouse, le jour de la rentrée.
Une mobilisation des parents d’élèves a été organisée devant l’école des Sept deniers, à Toulouse, le jour de la rentrée. (©actu.fr/L.F.)

C’est le cas de Jules, 11 ans. Scolarisé à l’école des Sept-deniers, il a fait sa rentrée lundi 1er septembre 2025, comme 39 000 enfants dans la Ville rose. Une rentrée qui ne s’est pas déroulée exactement comme prévu pour le jeune garçon.

Selon les parents d’élèves élus, au jour de la rentrée, l’école des Sept deniers n’avait que trois AESH alors qu’il en faudrait sept dans l’école. Ce lundi matin, Jules en a fait les frais : il a passé sa première journée dans sa classe de CM 2, sans l’accompagnement spécifique auquel il a pourtant droit.

Vidéos : en ce moment sur ActuTrouble du spectre autistique

« Jules a un trouble du spectre autistique qui lui a été diagnostiqué quand il avait quatre ans, raconte Martine, sa maman. Il a des troubles de l’apprentissage, des difficultés à se concentrer, une dysgraphie, le fait d’être en groupe le fatigue beaucoup… La MDPH a notifié pour lui un accompagnement à temps complet sur le temps scolaire, avec un AESH dédié, depuis le CP. »

Un accompagnement qui permet notamment à Jules de s’apaiser, mais aussi de progresser. Mais depuis le CP, Jules n’a jamais eu d’AESH à temps complet.

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« Ce n’est pas le moment de le lâcher »

« Le pire, ça a été en CE2 : il n’a pas eu d’AESH pendant plusieurs mois. Il est quand même passé en CM1, mais il a complètement décroché. Il a redoublé et là, ils avaient un AESH pour trois et c’était déjà pas mal : on l’a vu progresser, il s’est fait des copains, c’était encourageant. Ce n’est pas le moment de le lâcher. »

Forcément, Jules et sa famille ont été déçus quand ils ont appris, le jour de la rentrée, que l’école n’aurait pas le nombre d’AESH nécessaire.

Jules est « inquiet »

« Avoir un AESH, ça rassure Jules, souffle sa mère. Donc là, forcément, il est inquiet ! Il m’a demandé s’il allait être sans AESH toute l’année. Pour nous, c’est un stress permanent. J’entends très bien qu’il y ait des enfants prioritaires parce qu’ils sont plus petits ou qu’ils peuvent être dangereux pour eux-mêmes. Mais mon fils a aussi besoin d’aide. »

Un parcours du combattant

Sans blâmer aucunement les enseignants, « pour eux c’est aussi des efforts, d’autant qu’ils ont les autres enfants à gérer », Martine se dit « démunie ». « On a l’impression de faire notre part, on ne laisse pas Jules à la cantine, ni au Clae par exemple. Mais c’est vrai que c’est un parcours du combattant. Quand on a eu l’accord de la MDPH pour que Jules ait une AESH on s’est dit » super «. Mais derrière, un autre parcours du combattant débute. »

Et le combat continue. Les parents de l’école des Sept deniers entendent en effet lancer une procédure judiciaire pour obtenir les AESH manquants, tandis qu’un courrier sera adressé au rectorat et une pétition lancée.

En cette rentrée 2025, le recteur d’académie a annoncé le recrutement de 64 nouveaux AESH en Haute-Garonne. Selon le syndicat FSU-SNUipp, il faudrait recruter 500 personnes pour faire face aux besoins.

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