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redaction.78actu
Publié le
4 sept. 2025 à 20h20
Île-de-France Mobilités a modifié récemment dans le Mantois (Yvelines) son réseau de bus (nouvelle numérotation notamment – N.D.L.R.). Si l’opérateur se félicite de cette restructuration, en vigueur depuis fin août 2025, des usagers et des élus, de plus en plus nombreux et sur plusieurs communes du bassin de Mantes-la-Jolie, ne cachent pas leur colère.
Dans leur ligne de mire, la ligne jusque-là appelée K. Très fréquentée, elle dessert Jouy-Mauvoisin, Buchelay, Magnanville, Mantes-la-Ville, Mantes-la-Jolie et Limay. Son indicatif est désormais le 54.
Le nouveau tracé bouleverse les habitudes
Problème : elle est dorénavant scindée en deux, avec les bus 5463 et 5406. Cette ligne était jusque-là aussi très utilisée par les jeunes Buchelois, en renfort du système de ramassage scolaire, pour rejoindre le collège (George-Sand) et le lycée (Léopold-Sédar-Senghor) de secteur aux heures creuses.
La veille de la rentrée scolaire, ces usagers et leurs parents ont découvert que le nouveau tracé de l’ancienne ligne K ne leur permettra plus d’effectuer le trajet dans les deux sens, et de tout au long de la journée. Stupeur !
« On se bat pour toutes les familles »
Désormais, les jeunes Buchelois qui commenceront leur journée de classe après 9 h 30 ou qui la finiront avant 16 h 30 devront faire deux changements avant de rallier leur établissement ou leur domicile. Autre point de crispation : les collégiens seront désormais arrêtés et récupérés non pas devant leur établissement, mais à presque 500 mètres, à l’arrêt Cytises, à Magnanville.
« Des familles dont les fratries ne mangeaient pas à la cantine pour des raisons financières et qui avaient le temps de rentrer à la maison pour déjeuner ne le pourront plus. C’est scandaleux. On se bat pour toutes les familles du bassin du Mantois qui sont impactées. »
William Hognon, président de la FCPE Magnanville
« En l’état actuel, la situation n’est pas tenable », insiste-t-il. Et pour cause. Les changements ont créé une énorme pagaille dans le quotidien de nombreuses familles depuis la rentrée et déjà des retards en classe pour les collégiens concernés.
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« Cette situation ne peut pas durer »
Interrogée, une mère de famille bucheloise s’indigne : « Mon fils a fait sa rentrée en 6e. On a eu l’information la veille en regardant l’affichage sur les arrêts de bus. Le bus arrive des Meuniers. Au Village (quartier de Buchelay), il est déjà plein. En heure creuse, ils vont devoir marcher sur plusieurs mètres, traverser un axe dangereux, l’avenue de l’Europe, pour rallier leur collège. »
« Ce jeudi matin [lire 4 septembre 2025], en arrivant, le bus était plein, il ne s’est même pas arrêté !, reprend-elle. Des mères de famille ont rapidement organisé entre elles un système de covoiturage pour déposer les enfants restés sur le carreau. »
« Cette situation ne peut pas durer. On paye tout de même un abonnement de 390 € par enfant pour le ramassage scolaire, c’est honteux. Le collège, c’est déjà beaucoup de changements et là on vient leur ajouter du stress supplémentaire. »
Une mère de famille de Buchelay
« Cette réorganisation a été demandée par les communes » soutient IDFM
Les griefs ne s’arrêtent pas là. L’absence de parcours piéton sécurisé et une circulation dense aux abords de ces nouveaux circuits sont aussi pointées du doigt.
Contacté par notre rédaction, Île-de-France Mobilités (IDFM) affirme que « des supports de communication ont été relayés par la communauté d’agglomération (communauté urbaine Grand Paris Seine & Oise – N.D.L.R.) auprès des communes concernées ».
« Cette réorganisation a été demandée par les communes qui souhaitaient plus de liaisons directes et régulières avec les zones d’activités de leur territoire. En heures creuses, l’étude des voyages effectués au cours de l’année dernière ne justifiait pas le maintien d’une desserte directe. »
Île-de-France Mobilités
Michel Lebouc, le maire de Magnanville, dément. Il annonce « qu’il va interpeller Île-de-France Mobilités et qu’il n’a jamais donné son accord pour un tel changement ».
« Je m’y suis tout de suite opposé avec force »
À Buchelay, le maire Stéphane Tremblay, est consterné par la situation. Mais il reste combatif. À l’argument d’IDFM, qui avance que les communes concernées étaient informées, il s’inscrit en faux : « En avril 2025, Île-de-France Mobilités est venue nous présenter son projet de restructuration et je m’y suis tout de suite opposé avec force. »
« J’ai vu que c’était une aberration, je leur ai dit qu’il était impossible d’obliger les enfants à faire deux ou trois changements pour aller au collège. On m’a alors dit : on revient vers vous avec une solution. »
Stéphane Tremblay, maire de Buchelay
Soi-disant pour booster le trafic de la zone commerciale
Quand IDFM soutient que cette réorganisation a été demandée par la commune pour booster la zone d’activités, Stéphane Tremblay s’indigne. « On a soutenu une demande autour de la zone économique parce qu’elle travaille le dimanche avec en face un service de bus qui était pauvre. On a aussi ici un EHPAD, avec des horaires décalés. »
« L’offre de bus n’était donc pas en adéquation avec le tissu économique environnant. Donc oui, on a demandé des pistes, mais jamais au détriment d’autres secteurs. On n’a bien évidemment pas demandé à supprimer des lignes pour les enfants pour mieux booster le trafic de la zone commerciale. »
Stéphane Tremblay, maire de Buchelay
« Je ne lâcherai pas, je vais me battre »
Remonté, l’édile buchelois compte bien se faire entendre. Sa municipalité a d’ailleurs ouvert une pétition en mairie pour permettre aux habitants d’exprimer leur mécontentement.
« J’ai convoqué avant la fin de la semaine Île-de-France Mobilités et la RATP, en lien avec GPS&O, annonce Stéphane Tremblay. Nous avons l’appui d’Eddie Aït (vice-président délégué aux Mobilités de la communauté urbaine – N.DL.R.). Ils doivent nous trouver une solution ! Je ne lâcherai pas, je vais me battre. Si je dois prendre mon téléphone et appeler Valérie Pécresse, je le ferai. »
Sabah Mouhoub-Boulaïd
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