Les dirigeants d’Arte ont fait prendre à la chaîne franco-allemande le virage d’une plateforme européenne et poussent pour aller plus loin auprès des autorités, ont-ils indiqué jeudi en conférence de presse.

Une telle plateforme européenne, qui fonctionnerait en réseau, est « la pièce manquante dans les audiovisuels publics européens », a estimé Bruno Patino, président d’Arte France. Ce ne serait « pas seulement Arte en plus grand, et certainement pas Netflix en plus petit ».

Lors du dernier Conseil des ministres franco-allemand, à Toulon vendredi dernier, le projet d’européanisation d’Arte a été soutenu par les ministres chargés de la Culture, comme lors de précédents Conseils.

« L’Europe doit se renforcer en tant qu’espace public »

C’est « un soutien majeur » et « nous aimerions qu’en termes de structure, de financements et à terme de gouvernance, on passe à un cran supérieur, en relation avec l’Union européenne », a plaidé Bruno Patino.

« L’Europe doit se renforcer en tant qu’espace public », ce qu’une telle plateforme pourrait favoriser, a souligné Heike Hempel, présidente d’Arte GEIE, structure qui regroupe Arte France et Arte Allemagne.

«  L’inflexion européenne d’Arte est là »

Diffusée depuis 1992, la chaîne est disponible en sept langues et a des partenariats avec déjà 12 chaînes publiques en Europe.

L’ambition d’une plateforme européenne « dépendra des moyens qu’on arrivera à avoir », a jugé Bruno Patino, en notant que « l’inflexion européenne d’Arte est là » déjà.

« On porte ce projet depuis cinq ans » et quel que soit le sort du gouvernement Bayrou, « on continue », a-t-il ajouté.

La plateforme actuelle d’Arte est un succès, font valoir ses dirigeants. Depuis moins d’un an, les programmes sont également disponibles sur la plateforme de streaming gratuit de TF1, TF1+, et celle de France Télévisions, france.tv. On ne peut pas uniquement se distribuer soi-même », explique le patron d’Arte France.

« Nous privilégions les plateformes européennes souveraines »

Toutefois, « nous privilégions les plateformes européennes souveraines ». Si france.tv est distribué depuis juillet par Prime Video, le service de streaming du géant américain Amazon, et TF1 le sera de même en 2026 par Netflix, Arte n’a pas souhaité y participer.

La chaîne a noué un accord avec la start-up française Mistral pour améliorer son outil de recommandation personnalisée des programmes.

Pour la saison qui s’ouvre, Arte s’attache à proposer des « œuvres non formatées », « en phase avec l’époque ». Un des temps forts de la rentrée sera la série « The Deal », créée par Jean-Stéphane Bron et Alice Winocour, immersion dans les coulisses en Suisse de l’accord sur le nucléaire iranien.