Par
Raphaël Gioia
| Journaliste
Des goûters devant le Club Dorothée aux soirées pizza/ »Koh-Lanta », il y a quelques pas de côté que cet enfant du bitume a effectué pour transformer un rituel sacré en piges passionnées.
Le jeune romancier est le deuxième élément de la bande de Yann Barthès à faire partie de la première sélection pour la prestigieuse récompense.
Paul Gasnier postule au prix Goncourt 2025 avec « La collision » © TMC
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Les fidèles de « Quotidien » connaissent Paul Gasnier pour son travail de reporter, envoyé aux quatre coins du globe pour mieux faire comprendre l’état de notre monde. Les férus de littérature ont pris le plaisir de lire sa plume à l’occasion de la rentrée littéraire. Le journaliste de 35 ans signe en effet l’un des ouvrages choc de ce mois de septembre avec « La Collision », sorti aux éditions Gallimard. Il y raconte le drame qui a marqué sa vie alors qu’il n’avait que 22 ans : la mort de sa mère, à 54 ans, tuée par un homme ayant consommé des substances illicites lors d’un rodéo sauvage. Le récit fin, précis et puissant du jeune auteur lui vaut aujourd’hui de figurer dans la liste des quinze postulants pour le Goncourt 2025. Son nom figure en effet dans la première sélection du plus prestigieux des prix littéraires aux côtés d’habitués de la course aux récompenses, comme Emmanuel Carrère, Laurent Mauvignier ou encore Marie Pourchet.
Outsider parmi des abonnés aux prix
Les jurés de l’Académie ont levé le voile ce mercredi sur la liste des onze prétendants susceptibles de succéder à Kamel Daoud (« Houris »), le 4 novembre prochain. Parmi les quelque 344 ouvrages français invités au bal de la rentrée, celui de Paul Gasnier s’est démarqué. « C’est un beau livre, intelligent et émouvant », dépeignait son collègue du talk-show de TMC, Jean-Michel Aphatie, dans l’émission de mercredi.
Auparavant, le chroniqueur avait été reçu par Sonia Devillers dans son « Grand portrait » sur France Inter. L’occasion d’expliquer ses motivations à coucher des mots sur ses maux. « Le livre s’intéresse plus au portrait du jeune homme qui l’a tuée, Saïd, qu’à ma mère. C’est étonnant, je ne l’explique pas. C’est quelque chose qui s’est imposé naturellement », a-t-il confié à son interlocutrice, livrant au passage quelques séquences poignantes de l’accident de celle qui était sa « meilleure amie ». « Il n’a pas le permis, il est défoncé au cannabis… Il décide de faire une roue arrière pour impressionner ses copains, et il remonte la rue à toute allure. Une toute petite rue étroite, à 80km/h. Il la percute très violemment. Elle tombe dans le coma quasi immédiatement. Elle décède une semaine après à l’hôpital. C’était en pleine journée, il y avait beaucoup de monde dans la rue, et ce que je raconte dans le livre, c’est tout ce qu’il s’est passé après la collision », a-t-il témoigné.
Formé à l’école Bangumi
Paul Gasnier est ainsi le deuxième élément du collectif de Yann Barthès à connaître le bonheur de cette pré-sélection. Avant lui, Lilia Hassaine avait déjà fait l’objet d’une nomination pour « Soleil amer », publié en août 2021, dans lequel elle abordait l’intégration des populations algériennes dans la société française. La romancière a depuis quitté l’émission pour animer sa propre émission littéraire sur France Inter, les samedis après-midis.
Son ancien camarade a, lui, effectué sa rentrée sur TMC, fidèle à la bande qu’il a intégré en janvier 2020. Le journaliste formé à Sciences-Po est en effet devenu l’un des piliers de l’équipe de reporters, reprenant le flambeau de Hugo Clément et Martin Weil. Son talent d’écriture a très vite été remarqué par la société Bangumi, pour qui il a réalisé des sujets dans « Le Supplément » sur Canal+ ou encore « Envoyé spécial », « Complément d’enquête » ou « 66 Minutes ». « Libération », « Slate », « Society », ou encore RFI sollicitent également le journaliste polyglotte pour des articles.