« Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne ». Victor Hugo écrit ces vers après la visite d’un bagne pour dire combien l’éducation est fondamentale. Quels hommes deviendront les jeunes détenus de la prison pour mineurs de Marseille ? Quels enseignements leur est-il délivré dans ce lieu où leur dignité est bafouée et l’éducation réduite au minimum ? Dans un pays miné par une surpopulation carcérale, insupportable, le sort des détenus les plus vulnérables ne semble pas compter.
La prison, lieu de privation de liberté, est devenue lieu de privations des droits élémentaires. Il faut le coup de semonce de la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simonnot, pour découvrir l’incurie de la prison pour mineurs à Marseille.
Secret des geôles
Le ministre en sursis de la Justice, Gérald Darmanin, pourtant coutumier de visites sur le Vieux-Port, a-t-il accouru pour voir de ses propres yeux la réalité ? Non. Le sujet n’est pas médiatiquement flatteur.
La visite du sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône, Guy Benarroche, a le grand mérite de dire qu’en République, nul arbitraire, nulle violence ne peuvent être exercés dans le secret des geôles. L’ordonnance sur la justice des mineurs de 1945 a posé le principe historique de la primauté de l’éducation pour les mineurs délinquants. Elle n’a eu de cesse d’être attaquée par la droite et l’extrême droite. Ce principe est pourtant le seul chemin pour répondre à la délinquance juvénile. Les centres pénitentiaires pour mineurs ont-ils leur place dans notre société ? Ils sont, en fait, une honte pour la République.