Dans une salle comble du palais Verdun d’Aix-en-Provence, Julien Palisca, 46 ans, a été condamné ce jeudi 4 septembre à 15 ans de réclusion criminelle, assortis des deux tiers de sûreté. Il devra également se soumettre à 10 années de suivi sociojudiciaire ainsi qu’à une interdiction définitive d’exercer le métier de policier ainsi que d’exercer une activité bénévole ou professionnelle avec des mineurs, et d’une autre de cinq ans de quitter le territoire.

Dans sa plaidoirie, en milieu d’après-midi, son avocate, Me Justine Boyadjian, avait rappelé que l’ancien enquêteur de la brigade des mineurs avait plaidé «coupable» pour les viols et agressions sexuelles en 2018 aux Philippines sur Bobby et Billy, 12 ans et 15 ans à l’époque. Conseille de cet ancien directeur d’une association d’accompagnement d’enfants en Asie du Sud-Est depuis bientôt quatre ans, elle a regretté avoir eu «l’impression de commencer par la fin», lundi, comme si «une décision avait déjà été prise» par la cour criminelle.

Certes, Julien Palisca «a reconnu les faits, et c’est une bonne chose pour lui et pour la société», a souligné son avocate. Mais a-t-il reconnu l’entièreté des faits ? Toute la semaine, l’accusé est resté prostré, n’a jamais eu un mot plus haut que l’autre. Plusieurs fois, il a donné l’impression de vouloir se livrer, un peu, mais sans jamais trop en dire. Manipulation, comme le pensent les parties civiles ? Ou sincère blocage, comme l’explique sa défense ?

A l’issue de l’instruction, de nombreuses zones d’ombre persistaient, que ce soit sur la personnalité de Palisca, son parcours, sa consommation d’images à caractère pédopornographique ou l’existence d’éventuelles autres victimes. Les experts le qualifient de «mythomane» et le pensent dénué d’empathie. Les parties civiles soupçonnent l’ancien policier d’avoir obtenu un poste à la brigade des mineurs pour mieux se rapprocher d’éventuelles cibles.

Ce procès aura également été celui de la police. Mardi, de nombreux anciens collègues de Julien Palisca ont défilé à la barre, faisant part de leur stupéfaction, jurant qu’ils n’avaient «rien [pu] voir». Des réponses qui ont étonné la cour et l’avocate générale, et ont provoqué l’ire des parties civiles. Me Joanny Moulin, à l’accent toujours coléreux, s’est offusqué d’avoir vu «un commandant de police se présenter devant une cour criminelle, lever la main droite, jurer puis mentir !» L’avocat accuse notamment Marc R., ancien supérieur de Julien Palisca, de contester qu’«au moins à deux reprises», «de faux PV de police antidatés ont été établis». Une pratique illégale qui aurait eu pour but soit de couvrir Palisca, soit de couvrir sa hiérarchie. «C’est très grave.»

Et le conseil de plusieurs associations de défense des droits de l’enfance de souligner le rôle primordial de Christophe A. autre ancien collègue de la brigade des mineurs de Marseille, qui a eu des soupçons avant tout le monde envers son ami aujourd’hui condamné. Enquêtant en interne, le lanceur d’alerte a été ignoré par sa hiérarchie et ostracisé par la plupart des autres agents. A la cour d’appel d’Aix-en-Provence, il est resté jusqu’au bout du procès, après son témoignage deux jours plus tôt. Toujours à l’écart de ses anciens collègues.