Selon des données fournies par l’Institut américain pour l’étude de la guerre [ISW], de septembre 2024 à août 2025, les forces russes ont conquis une surface totale de 6 000 km² en Ukraine, contre 1 800 km² durant les douze mois précédents. Et 20 % de ces gains territoriaux ont été réalisés en juillet [634 km²] et en août [594 km ²], principalement dans la région du Donbass. Dans le même temps, elles ont lancé des frappes massives contre l’Ukraine, certaines ayant été menées avec plusieurs centaines de drones et des dizaines de missiles.

Actuellement, la Russie contrôlerait environ 80 % du Donbass, contre 31 % avant le début de la guerre [via les séparatistes pro-russes].

Dans son dernier compte rendu sur la situation en Ukraine [en date du 1er septembre], le ministère des Armées souligne que les « opérations se focalisent autour de Prokrovsk, où les forces russes auraient redéployé des unités des fronts Nord et Sud pour relancer leurs attaques ». Et d’ajouter que ces dernières « progressent au nord de Koupiansk » et au « nord de Lyman, tandis que les forces ukrainiennes reprennent des positions défensives autour de Kostyantynivka ».

Par ailleurs, la Russie a dit vouloir une reconnaissance « internationale » des régions ukrainiennes qu’elle a annexées [c’est-à-dire celles de Donetsk et de Lougansk, qui forment le Donbass, de Kherson, de Zaporijjia et la Crimée].

« Pour que la paix soit durable, les nouvelles réalités territoriales qui sont apparues […] doivent être reconnues et formalisées conformément à la loi internationale », a en effet déclaré Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, le 3 septembre. Évidemment, une telle exigence est inacceptable pour l’Ukraine, qui veut retrouver ses frontières telles qu’elles étaient en 2014 et qui lui avaient été garanties dans le mémorandum de Budapest, signé en 1994.

En outre, le président russe, Vladimir Poutine, a dit être prêt à rencontrer son homologue ukrainien, Volodymyr Zelenski… à la condition qu’il se rende à Moscou. Alors que des négociations de paix se tiennent, en général, sur un terrain neutre.

Autant dire que, malgré les initiatives diplomatiques de l’administration du président américain, Donald Trump, la perspective d’un cessez-le-feu et, à plus forte raison, d’un accord de paix sont encore lointaines. Pour autant, la coalition dite des volontaires, qui vise à renforcer le soutien à l’Ukraine, se prépare à apporter des garanties de sécurité à Kiev dès que les combats auront cessé.

Pour rappel, cette coalition des volontaires a pris l’engagement de maintenir l’aide aux forces ukrainiennes tout en augmentant la pression économique sur la Russie, d’affirmer que tout accord de paix doit garantir la souveraineté de l’Ukraine, de renforcer les capacités militaires de cette dernière et de lui apporter des garanties de sécurité.

Au sein de cette coalition, la France et le Royaume-Uni ont évoqué l’éventualité de déployer des troupes sur le sol ukrainien. « Ces forces-là n’auraient pas vocation à tenir une ligne de front ni à être engagées sur un conflit chaud, mais à signer une solidarité d’un point de vue stratégique », a ainsi expliqué le président Macron, le mois dernier. D’autres pays se sont dit prêts à en faire autant, alors que l’Allemagne, la Pologne et l’Italie ont affiché des réserves.

Quoi qu’il en soit, ce 4 septembre, à l’issue d’un sommet qui s’est tenu à Paris, en présence de M. Zelenski, le président Macron a annoncé que vingt-six membres de la coalition des volontaires se « sont formellement engagés à déployer, comme forces de réassurance, des troupes en Ukraine ou à être présents sur le sol, dans les mers ou dans les airs ».

Ces forces « se déploieront dans le cadre d’un cessez-le-feu » mais pas sur la ligne de front, a-t-il ajouté, avant de préciser que l’objectif était de « dissuader la Russie d’une nouvelle agression ». Aussi, il n’y aura « aucune limitation de format ou de capacité de l’armée ukrainienne », a-t-il poursuivi.

Quant au volume [probablement important] et à la nature des forces susceptibles d’être concernées par ces garanties de sécurité, le locataire de l’Élysée n’a pas souhaité donner de détails, dans une « volonté de ne pas se découvrir ». Et d’ajouter : « C’est notre ligne de défense et celle de l’Ukraine ».

Enfin, les États-Unis apporteront un soutien à ces garanties de sécurité, les détails devant être finalisés « dans les prochains jours », a assuré M. Macron.

Ayant œuvré à la planification de ces garanties de sécurité, le général Thierry Burkhard a expliqué, peu avant de quitter ses fonctions de chef d’état-major des armées [CEMA], que l’objectif n’est « pas de faire monter le niveau de violence mais d’afficher notre détermination à maintenir la paix ». Aussi, a-t-il poursuivi, « les règles d’engagement seront donc normalement de l’ordre de l’autodéfense ».

Reste que la Russie a jugé que les garanties de sécurité susceptibles d’être apportées à Kiev étaient « absolument inacceptables ».
« Ce ne sont pas des garanties de sécurité pour l’Ukraine, ce sont des garanties de danger pour le continent européen », a insisté Maria Zakharova, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères.

Photo : Ministère des Armées