Lionel Charvin, 53 ans, déjà condamné pour le viol de onze femmes dont il assurait le suivi de grossesses en tant que maïeuticien, continue à entretenir l’ambiguïté pour sa deuxième comparution devant la cour criminelle départementale, avec six nouvelles plaignantes.

« Oui, je suis responsable de viol par contrainte, en étant professionnel de santé. C’est légitime que j’ai été condamné » avoue Lionel Charvin, un maïeuticien de 53 ans, qui comparaît ce jeudi 4 septembre pour la deuxième fois en trois ans devant la cour criminelle de l’Hérault.
Cette prise de conscience, ce sage-femme qui a exercé à Montpellier pendant 17 ans, accompagnant « plus de 1 500 femmes » avant ou après leur accouchement, dit l’avoir eue après sa condamnation à douze ans de réclusion, le 3 mars 2022, pour les viols aggravés de onze patientes.

Six plaignantes depuis le premier procès à Montpellier en 2022

Ces dernières ont subi des actes de masturbation, et non des gestes médicaux visant à rééduquer ou assouplir leur périnée. Six plaignantes supplémentaires se sont manifestées après le premier procès.
« Il m’avait dit que s’il avait réussi à me faire atteindre l’orgasme, ça aurait été double jackpot, parce que j’étais lesbienne » raconte l’une d’elles. « Tout ce que j’attends, c’est qu’on reconnaisse que ce qu’il a fait n’était pas normal. »

« Il m’a fait un commentaire sur mes bas qui étaient sexy, j’aurai dû demander un autre praticien » précise une autre, qui explique avoir subi un viol digital alors qu’elle pensait qu’il allait assouplir son périnée pour faciliter l’accouchement. « Ça a duré très longtemps, j’ai eu un orgasme, il a dit, ah, ben, voilà, et j’ai perdu les eaux. Qu’il reste là où il est, il y est très bien. »

« Je n’ai plus de vie sexuelle » indique la troisième, profondément marquée, comme les autres femmes de ce dossier, par ces gestes intimes subi lors de leur maternité. Elle n’a pu concevoir son deuxième enfant « qu’avec énormément d’alcool » et son couple n’a pas résisté.

« Il a attendu que j’aie confiance en lui »

« J’avais besoin de montrer à ma fille et aux autres femmes que même si c’est pas facile, ça vaut le coup de dire non et de le répéter, je crois que j’aurais aimé qu’on me le dise avant » explique-t-elle. « Je me rends bien compte que je n’étais pas libre et que j’étais très influencée par sa posture de sachant. Il n’a pas fait ça à la première séance, il a attendu que j’aie toute confiance en lui. »

Décrit comme narcissique et pervers, Lionel Charvin entretient à nouveau l’ambiguïté au premier jour d’audience. « Ce n’est pas un viol, parce que je n’ai pas eu d’acte de masturbation » dit-il ce jeudi.

Psychiatres et psychologues soulignent pourtant qu’il a forcément éprouvé du plaisir lors de ces consultations et contacts intimes. « Il est certain qu’il n’a pas choisi son métier par hasard » insiste Alain Penin, qui souligne « une perversion du cadre thérapeutique. Observer des jeunes femmes en posture orgasmique est bien de nature sexuelle. »

Dimension voyeuriste et recherche d’excitation

« Il y a une dimension voyeuriste dans sa recherche d’excitation et de plaisir » assure le docteur Franck, psychiatre.

Fils d’un directeur de laboratoire pharmaceutique, Lionel Charvin a été marqué par le divorce de ses parents à 13 ans, et par la révélation de soupçons d’abus sexuels paternels sur sa sœur.

« Ça a entraîné chez moi une grande colère par rapport à mon père, j’avais vraiment l’intention de me venger de ça. Et j’ai trouvé un moyen en ayant une relation intime avec sa propre femme » à 14 ans, raconte cet homme qui sera par la suite aussi séducteur qu’infidèle.

En défense, Me Aude Widuch et Me Antoine Fauviau tentent de s’accrocher aux gestes techniques des soignants pendant la grossesse pour écarter toute motivation sexuelle aux actes reprochés. Verdict vendredi 5 au soir.