Mieux appréhender et prévenir les risques de blessure, une grande première pour Riku Ota, danseur étoile de l’Opéra de Bordeaux, ce 2 septembre avec l’ancien staff médical des Girondins de Bordeaux. Si le Japonais de 27 ans rayonne par sa technique et son élégance sur la scène du Grand-Théâtre, sa carrière a aussi été marquée par des blessures à la cheville et au dos, qui l’ont parfois empêché d’être distribué dans certains ballets, ou de danser au maximum de ses capacités. Son point de vue.
Ça vous a surpris que le préparateur physique qui va vous suivre toute cette saison vienne du monde du football et pas de celui de la danse ?
Non, nous aussi, nous sommes des sportifs. Nous travaillons avec nos corps et nos pieds, même si nous n’en faisons pas les mêmes choses que les footballeurs. Les tests que nous avons suivis mardi vont nous permettre de savoir où nous en sommes au niveau cardio, si nous sommes en bonne forme. Ils vont nous donner de la confiance.
Personnellement, j’ai travaillé sur les muscles de mes jambes mardi. Un kiné poussait dans un sens, moi dans l’autre, et ça a permis d’évaluer la force dont je dispose pour faire des mouvements de rotation ou voir comment la cheville est sollicitée. C’est intéressant : nous nous blessons souvent à la cheville.
Vous-même, vous avez connu des blessures invalidantes. Cet accompagnement peut vous aider à éviter une rechute ?
Bien sûr. Après une blessure, il subsiste toujours une faiblesse dans votre corps, donc c’est très important d’avoir quelqu’un qui vous conseille pour éviter que cela se traduise par une nouvelle blessure. D’autant plus que nous, danseurs, nous faisons travailler notre corps tous les jours.
« C’est stressant d’être sur scène devant un millier de personnes. On se met la pression. La tension se répercute sur nos muscles »
En tant qu’étoile, combien de spectacles dansez-vous par an ?
Une bonne trentaine en comptant les galas auxquels nous participons en dehors de l’Opéra. Et sachant que nous n’avons pas de pause entre notre reprise début septembre et le ballet de fin d’année qui est très dur physiquement et mentalement. C’est stressant d’être sur scène devant un millier de personnes. On se met la pression. La tension se répercute sur nos muscles.
Et en enchaînant des styles chorégraphiques différents, qui vous amènent à placer votre corps de façon différente…
Oui, dans le classique on cherche à s’extraire du sol alors que dans beaucoup de pièces contemporaines on est ancré dans le sol. Les appuis ne sont pas les mêmes. La position des hanches non plus. C’est souvent difficile de passer de l’un à l’autre et ça augmente le risque de se blesser.
Est-il vrai que les danseurs classiques sont réticents à dire quand ils se blessent, ou quand ils risquent de se blesser parce qu’ils sont fatigués ?
Oui, nous voulons toujours danser, même avec de la douleur. Comme nous avons toujours mal quelque part, nous avons appris à vivre avec ça. Par exemple en compensant une douleur au genou par le travail des cuisses ou des ischio-jambiers, ou un mal au dos par le travail au niveau du tronc. Mais la jeune génération est sans doute plus libre avec le fait de parler de fatigue et de nécessité de se protéger. Moi, j’aimerais bien étudier un peu plus l’anatomie, en savoir plus sur les sensations de mon corps.