L’instance de réparation des abus au sein de l’Église (INIRR) a été saisie par 13 victimes présumées du père Eugène Plater, âgé de 90 ans aujourd’hui.

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Publié le 05/09/2025 09:29

Temps de lecture : 3min

Le père Eugène Plater à Saint-Valérien dans l'Yonne, dans les années 1990. En juillet 2025, ce prêtre de 90 ans est visé par 13 dossiers déposés par des victimes présumées d'actes pédophiles. (RENAUD CANDELIER / ICI AUXERRE / RADIO FRANCE)

Le père Eugène Plater à Saint-Valérien dans l’Yonne, dans les années 1990. En juillet 2025, ce prêtre de 90 ans est visé par 13 dossiers déposés par des victimes présumées d’actes pédophiles. (RENAUD CANDELIER / ICI AUXERRE / RADIO FRANCE)

Il fait son mea culpa. Le père Eugène Plater, curé de Saint-Valérien dans l’Yonne, reconnaît, vendredi 5 septembre sur ICI Auxerre (ex-France Bleu), avoir commis des agressions sexuelles sur des enfants. Il s’agit de jeunes Polonais qui étaient hébergés dans un internat à Paris dans les années 60. L’affaire a été révélée par le journal Le Parisien. L’INIRR, l’instance de réparation des abus au sein de l’Église, a été saisie par 13 victimes présumées en juillet dernier.

Directeur d’un séminaire de garçons à Paris, dans les années 1960, qui hébergeait des fils d’immigrés polonais, Eugène Plater est accusé par les plaignants d’avoir commis des attouchements au prétexte de soins médicaux.

Âgé de 90 ans, le religieux reconnaît, vendredi, avoir commis des attouchements. « Je vous dis tout de suite que oui, il y a eu des attouchements, je ne suis pas innocent », confie-t-il à ICI Auxerre qu’il a reçu chez lui, au presbytère de Saint-Valérien, dans l’Yonne. « Il y a plus de quarante ans, j’ai été nommé éducateur dans un petit séminaire à Paris, relate-t-il. À cette époque, il n’avait pas d’argent du tout, alors je faisais tout, y compris soigner les élèves quand ils étaient malades. Et j’avoue que je le faisais très maladroitement ».

Le curé de Saint-Valérien confie n’avoir commis d’attouchements que sur des garçons, quand il dirigeait l’internat, mais ne reconnaît pas les 13 victimes. « Il y avait tous les ans une cinquantaine de garçons. Sur les 50, moins de dix en tout, pendant 3 ou 4 ans. Je ne sais pas combien exactement », tente-t-il de se remémorer.

Le prêtre affirme avoir prévenu « deux jours après » son évêque « qui m’a dit ‘merci pour la confiance' ». « Puis j’en ai parlé à mes anciens élèves qui sont venus me voir sur ce sujet », poursuit-il. Également d’origine polonaise, Eugène Plater explique avoir écrit « une lettre au président de la conférence épiscopale de Pologne en disant que je n’étais pas innocent. Il ne m’a jamais répondu ». Mais il estime que « parmi mes anciens élèves, il y en a quelques-uns qui veulent gagner beaucoup d’argent, et ça paie ».

Le prêtre ajoute : « Je ne m’explique pas » ces actes. « Je pense avoir eu des tendances de ce type depuis toujours, détaille-t-il. J’ai fait mes études à Rome, j’ai été ordonné prêtre à Rome. J’ai ensuite été sollicité pour rentrer à l’Académie pontificale qui forme les futurs diplomates du Saint-Siège. J’ai donné ma démission parce que je craignais de nuire à l’Église ».

Curé de Saint-Valérien pendant 28 ans, il assure n’avoir commis « à aucun moment » d’attouchements sur des enfants de la commune. Le père Plater reconnaît en outre une autre agression sur, dit-il, « quelqu’un de proche de moi ». Sa petite-nièce âgée de 36 ans a récemment porté plainte pour des agressions qu’elle dit avoir subies à la fin des années 1990.

Le père Plater voudrait leur demander « pardon et c’est tout ». « J’ai essayé d’être un bon prêtre. J’ai beaucoup travaillé, beaucoup. Après le séminaire de Paris, j’ai dirigé l’aide humanitaire en Pologne. J’ai fait le bien, j’ai fait du mal aussi. Les deux », conclut-il.