Quota de JIFF, Salary Cap… Depuis quelques saisons, la deuxième division est devenue le vivier de l’élite. Explications.
Le quota de JIFF, précurseur de ce mouvement
Le quota de JIFF (Joueur Issu de la Formation Française) doit être minutieusement respecté en France. Il s’agit ici de la première raison pour laquelle les clubs du Top 14 se dirigent vers des équipes de l’échelon inférieur pour effectuer leur recrutement. Pour Yann Roubert, président de la Ligue Nationale de Rugby, cette stratégie est primordiale, d’autant plus que les clubs qui respectent à la lettre cette règle reçoivent des bonus financiers. «Le bonus JIFF doit orienter les clubs de Top 14 en priorité vers les clubs de Pro D2. Il faut avoir une moyenne de 17 JIFF dans l’effectif, ce qui ne ferme en aucun cas la porte à des recrues de standing international comme Manu Tuilagi par exemple.» Il est donc plus facile pour les clubs qui évoluent dans l’élite d’aller chercher des jeunes pépites françaises en Pro D2 ou, même, dans les clubs amateurs.
La Pro D2, vivier de jeunes talents
En parlant de pépites, c’est aussi pour cela que les clubs de première division se tournent vers la Pro D2. À partir de ce moment-là, il y a deux scénarios possibles, «soit les clubs recrutent les joueurs à un niveau inférieur pour les faire exploser en Top 14, soit ils se battent pour s’adjuger les pépites de Pro D2» lance Yann Roubert. Autre cas imaginable, le recrutement de jeunes talents étrangers dès le centre de formation, qui deviendraient JIFF par la même occasion. «C’est exactement ce que l’on a fait pour Béka Saguinadze, qui est arrivé de Géorgie. Il est devenu JIFF et il s’est adapté rapidement au Top 14» explique le patron de la LNR, qui occupait le poste de président du LOU il y a encore quelques mois. Cette année encore, plusieurs pépites de Pro D2 se sont vues offrir des contrats par de grosses écuries de Top 14. C’est le cas d’Ugo Pacôme (La Rochelle), Mathis Ferté (Toulon) ou encore Léo Carbonneau (Racing 92)… Ce phénomène n’est pas visible seulement chez les jeunes. C’est le cas de Steve Blanc-Mappaz, recruté la saison dernière par Le LOU alors qu’il avait déjà 34 ans…
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Une arme importante pour respecter le Salary Cap
Le Salary Cap est un dossier que le nouveau président de la Ligue connaît bien. Yann Roubert a mis en place de nouvelles règles pour durcir les sanctions. Alors qu’il s’agit d’un sujet qui fait beaucoup parler chaque année, les clubs doivent s’organiser pour parvenir à le respecter. C’est donc aussi pour cela que le recrutement en Pro D2 devient une arme redoutable. «Cette règle impose aux clubs de miser sur la formation et la découverte de talents». Cependant, il ne s’agit pas de l’objectif premier de cette règle. «Le but est de permettre à tous les clubs de gérer leurs déficits, alors oui, les écuries de Top 14 recrutent de plus en plus souvent dans l’échelon inférieur, car les transferts coûtent moins cher, mais ce n’est pas l’objectif principal.»
La Pro D2, «un championnat à part entière»
Pour Yann Roubert, la Pro D2 est bien un championnat à part entière, et il ne faut pas l’oublier. «Oui, la Pro D2 devient un vivier, mais les clubs ont de plus en plus d’ambitions. Les choses sont en train de changer. Les clubs de Pro D2 se battent de plus en plus pour garder leurs jeunes talents et construire un effectif compétitif pour monter aux échelons supérieurs et tenter de s’y installer. Cela pousse les clubs de Pro D2 à se renouveler, à se battre pour garder leurs joueurs et les amener au plus haut niveau le plus rapidement possible, en les ayant sous contrat. Ce qui améliore constamment le niveau moyen de ce championnat.»