C’est encore un coup dur pour l’Europe, alors que les dirigeants européens attendent toujours que le président américain se positionne sur les garanties de sécurité en Ukraine. Selon un article du Washington Post publié jeudi, Donald Trump souhaite supprimer plusieurs de ses programmes d’aide à la sécurité en Europe, parmi lesquels l’initiative visant à fortifier le flanc oriental du continent contre une éventuelle attaque russe, avec la fourniture de fonds pour les infrastructures et la formation militaires de l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie.
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Dans un communiqué, la Maison-Blanche a expliqué que cette décision, qui aurait un impact sur des centaines de millions de dollars d’aide militaire dont dépendent ces membres les plus vulnérables de l’Otan, était « coordonnée » avec les Européens et conforme au décret présidentiel de Donald Trump publié plus tôt cette année, visant à réévaluer l’aide étrangère américaine, ainsi qu’à sa « volonté constante de garantir une plus grande responsabilité de l’Europe en matière de défense ». « Nous sommes satisfaits que les alliés européens prennent davantage d’initiatives en matière de défense« , poursuit le texte, suscitant le désarroi chez certains de ses conseillers.
Des signaux contradictoires
Au Congrès dominé par les républicains, où le soutien bipartisan à l’OTAN et à l’Ukraine reste fort, plusieurs d’entre eux ont en effet exprimé leur confusion quant au plan de l’administration. Il faut dire que le ton employé par le Pentagone sous Donald Trump varie d’un jour à l’autre : si en juillet, le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, s’est montré chaleureux avec les dirigeants des trois pays baltes limitrophes de la Russie – l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie – dont il a salué les efforts dans la hausse de leurs dépenses militaires, le bureau des politiques du ministère de la Défense s’est montré bien plus agressif en coulisses pour mettre radicalement fin à certains programmes de soutien, révèle le journal américain.
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D’après ses informations toujours, un conseiller du Sénat a indiqué que le ministère de la Défense n’avait pas informé les législateurs de la réduction des aides, malgré les demandes en ce sens. David Baker, responsable de la politique européenne et de l’Otan au Pentagone, a quant à lui abordé cette décision avec un groupe de responsables européens de la défense seulement en fin de semaine dernière, attribuant ce changement à l’évolution des priorités au sein de l’administration. D’après lui, l’attention des Etats-Unis serait désormais tournée vers la sécurité des frontières et la défense de son territoire, alors que Pékin mène un renforcement rapide de sa défense.
« Les Russes ne se soucient réellement que des dollars américains, des troupes américaines et du drapeau américain », a alors déclaré un responsable européen auprès du Washington Post, inquiet du signal qu’une réduction de l’aide américaine enverrait à Moscou. Les pays baltes, eux, n’ont pas encore réagi à cette annonce, mais lors de leur réunion avec Pete Hegseth en juillet dernier, ces derniers avaient insisté sur l’importance d’avoir une présence militaire américaine permanente sur leur territoire.
Dans une interview donnée à Politico, le président estonien Alar Karis a déclaré que des pays comme l’Estonie « doivent être prêts à faire face à tous les scénarios ». S’il affirme avoir été rassuré par la promesse de Donald Trump de maintenir les troupes américaines en Pologne, le dirigeant estonien a souligné qu’il était encore « très difficile de prédire » ce que Washington ferait dans les pays baltes. Les États-Unis ont actuellement quelque 2 000 soldats stationnés dans les Etats baltes dans le cadre d’un renforcement militaire à la suite de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022. Le Pentagone revoie actuellement le déploiement de ses forces à l’échelle mondiale, sous la direction du sous-secrétaire à la Défense chargé de la politique, Elbridge Colby, fervent partisan d’une réduction de la présence américaine en Europe. Les résultats devraient être dévoilés à la fin du mois.