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Rédaction Rennes

Publié le

5 sept. 2025 à 11h50

Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné ce mardi 2 septembre 2025 un sexagénaire d’Orgères (Ille-et-Vilaine) qui avait proféré des injures racistes à l’encontre d’un chauffeur de bus de Rennes.

Le 14 mai 2025, Michel avait décidé de faire sa « sortie annuelle » dans le centre-ville de Rennes « pour [s] e lâcher » : il avait ainsi bu « cinq à sept verres de sauvignon » – « des doubles », a-t-il précisé aux juges rennais – dans des bars de la place Sainte-Anne, avant de repartir chez lui en bus.

Une première « dispute » avait alors éclaté avec « un homme de type africain » et les esprits avaient commencé à « s’échauffer » : le chauffeur du bus de la ligne 14 avait proposé à la victime de « laisser tomber » et l’homme pris pour cible par Michel était « parti ».

Il s’en prend ensuite au chauffeur

Le sexagénaire alcoolisé s’était alors installé « au fond » du bus, mais le chauffeur avait progressivement vu « tous les passagers se mettre à l’avant » pour le « fuir », a retracé la présidente du tribunal correctionnel de Rennes, mardi 2 septembre 2025.

Une passagère et son fils avaient alors à nouveau alerté le chauffeur : Michel venait de les inviter à « retourner en Arabie saoudite »… Le sexagénaire s’en était à ce moment-là pris au chauffeurlui-même d’origine arabe mais « né à Saint-Brieuc » – en multipliant les insultes racistes.

Prêt à dire à des magistrats « de couleur » de partir

À l’arrivée des contrôleurs et des policiers, loin de se calmer, Michel avait « vociféré » en « titubant » qu’il en avait « marre de tous ces bougnoules et négros de merde qui volent la France », tout en reprochant aux policiers qu’ils ne faisaient « rien pour les arrêter ».

Au commissariat, il avait continué de plus belle, faisant savoir qu’il ne comptait pas « se soumettre à ces gens-là » car il voulait « se sentir Français ». « Quand j’arrive à Henri-Fréville, j’ai l’impression d’être dans le djébel [un massif montagneux dans les régions du Moyen-Orient, N.D.L.R] », avait-il jugé bon d’ajouter.

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Les policiers lui avaient alors demandé ce qu’il comptait faire si les magistrats amenés à le juger se trouvaient être « de couleur » : Michel avait alors assuré qu’il n’hésiterait pas à leur « dire de partir », a aussi lu la présidente du tribunal.

« Fondamentalement raciste »

« J’avais le mal de mer, j’avais oublié de manger », a commencé le prévenu. « Mais dans le fond, il y a quelques propos que je tiens encore maintenant. » Interrogé sur sa consommation d’alcool, le sexagénaire d’Orgères a trouvé que ce n’était « pas le fond du problème » : il fallait plutôt le chercher dans la « mentalité » des musulmans.

« Donc vous êtes fondamentalement raciste, et vous ne pouvez pas vous empêcher, à la barre, de tenir ces propos-là », a fini par le couper la présidente du tribunal correctionnel de Rennes.

« Vous êtes en finale de la Ligue des champions des imbéciles »

Sur un plan social, cet ancien « gardien d’immeuble » – qui a également travaillé dans un célèbre magasin de jouets rennais – est « tout seul depuis plus de trente ans ».

Cet homme de 66 ans ne voit « plus personne » car il souffre d’un « problème d’exposition aux ondes électromagnétiques » : il refuse donc Internet, le téléphone et même « le compteur Linky ».

L’avocat du chauffeur de bus, lui, a commencé par rappeler une citation de l’homme d’État et poète sénégalais Léopold Sédar Senghor, pour qui « les racistes sont des gens qui se trompent de colère ». Mais là, pour Me Erwan Prigent, « on a atteint un joli niveau » avec ce prévenu qui n’est pas seulement « un raciste décomplexé » mais « un raciste revendiqué ».

« Vraiment, je pense que vous êtes en finale de la Ligue des champions des imbéciles », l’a tancé celui qui assiste les agents de Keolis depuis « plus de vingt ans ». L’avocat rennais a donc donné deux conseils au prévenu : « 1) qu’il cesse de regarder les chaînes d’info en continu » et « 2) qu’il mange, puisque c’est quand il ne mange pas que ces propos sortent ».

1 000 euros d’amende

« Je crains que nous ne parvenions pas à faire changer d’une quelconque manière ses idées », a pour sa part considéré le procureur de la République. « Sa liberté de pensée est absolue, mais pas celle d’exprimer les idées qu’il souhaite », a rappelé le représentant du ministère public.

Finalement, et conformément à ses réquisitions, Michel a été condamné à une amende de 1 000 euros, dont 700 avec sursis. Il devra également verser 900 euros de dommages et intérêts au chauffeur de bus pour son préjudice moral et ses frais d’avocat.

CB et GF (PressPepper)

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