Dans la nuit du 8 au 9 août, un jeune homme de 20 ans a été enlevé en plein centre-ville de Toulouse avant d’être dépouillé. Comment une simple rencontre a-t-elle pu dégénérer en enlèvement et en une série d’actes violents ?
Une soirée qui bascule en cauchemar. À Toulouse, la fin de l’été rime avec le retour en fanfare des soirées nocturnes. Les étudiants reviennent et les nombreux bars place Saint-Pierre s’animent. Dans la nuit du 8 au 9 août, l’atmosphère a déjà ce goût de retour à la fête. Dans ce décor familier de la jeunesse toulousaine, un homme de 20 ans croise deux individus à la sortie d’un bar qui, selon une source policière, lui « auraient mis un couteau dans le dos en lui ordonnant de les suivre ». Sous la menace, il est forcé de monter dans un véhicule. «On ignore encore si ces hommes se connaissaient mais ils avaient eu une altercation quelques minutes plus tôt. Mais j’imagine qu’ils ont dû profiter de sa vulnérabilité». Commence alors un périple ponctué de violences, d’humiliations et de retraits bancaires imposés. «Ils le forcent à donner ses codes bancaires puis se dirigent aux environs de Perpignan pensant ne pas se faire rattraper. Il le dépose puis l’attache». Le lendemain matin, la victime parvient à se libérer de ses liens et à trouver refuge auprès de la gendarmerie de Saint-Laurent-de-la-Salanque, à plus de 200 kilomètres de la Ville rose.
Des suspects vite identifiés
L’affaire a été confiée à la division de la criminalité organisée et spécialisée de la DIPN 31 (Direction Interdépartementale de la Police Nationale). Les enquêteurs ont reconstitué le parcours des ravisseurs assez rapidement : «On se félicite de ces arrestations rapides, moins d’un mois après les faits», affirme le Procureur de la République de Toulouse, David Charmatz. Il faut dire que « ce ne sont pas des bandits de grand chemin », souligne la même source policière. Les éléments se sont accumulés : «sur les caméras de surveillance, on les voit s’arrêter faire le plein d‘essence, très vite les enquêteurs ont dû relever leur plaque d’immatriculation».
C’est ce jeudi 4 septembre que les deux suspects ont été interpellés : deux hommes dont un mineur. Présentés jeudi devant un juge d’instruction, ils ont été mis en examen pour « enlèvement et séquestration pour faciliter un crime », « extorsion et escroquerie en bande organisée », ainsi que pour « violences aggravées suivies d’incapacité supérieure à huit jours », précise le parquet de Toulouse. Ils ont été placés en détention provisoire.
«Une dérive inquiétante»
Selon notre source policière, ce rapt relève avant tout d’un « coup d’opportunité ». « Ils croisent ce gamin, ils se disent : tiens, on le prend et on prend sa carte bleue », explique ce dernier avant de continuer : « personnellement, je pense que c’est le reflet d’une génération qui s’invente une vie de grands brigands . Ce sont des gamins qui jouent avec des allumettes.» Sur la place Saint-Pierre, épicentre des soirées nocturnes, « on sait qu’à partir d’une certaine heure, on trouve des gens vulnérables. C’est un théâtre de jeu pour dépouiller les fêtards ».