« Le patron doit bien se marrer… », lâchait, un brin dépité, le délégué syndical CGT Tony Tourèche, ce vendredi matin, devant l’entrée « Porte du Forez » du centre commercial Auchan Villars.

Comme sur quatre autres magasins en France, le syndicat avait appelé à la grève. Mais l’appel a été très peu entendu, avec seulement une douzaine de grévistes. Sans conséquence, donc, sur le fonctionnement de l’hypermarché.

« Ça me désole un peu de voir que les collègues ne se mobilisent pas. Pourtant, ils n’arrêtent pas de se plaindre et de dire qu’ils sont inquiets, assure Tony Tourèche. Et en même temps, je les comprends : c’est compliqué de perdre du salaire quand on sait que certains touchent à peine plus que le Smic avec 20 ou 25 ans d’ancienneté. »

Quatorze postes de vendeurs supprimés à Villars et Centre Deux

Parmi les revendications de la CGT, il y a l’arrêt des cessions de magasins à la concurrence : « Fin juin, il y a encore eu 19 magasins, dont neuf anciens Casino, qui ont été vendus, principalement à Lidl et Leclerc. »

Il y a aussi le maintien de l’emploi. Le dernier PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi) d’Auchan, de novembre 2024 à avril 2025, a supprimé 2 389 emplois au niveau national. À Saint-Étienne, ce sont 14 postes de vendeurs qui ont été supprimés entre les magasins de Villars et Centre Deux.

Tony Tourèche, vendeur en équipement de la maison, « trente-six ans d’ancienneté et autour de 2 000 euros net par mois », a lui-même fait partie de la « charrette ». « À Villars, on était 10 sur mon rayon. Un seul d’entre nous a été reclassé et ils nous ont remplacés par quatre étudiants, payés au Smic… »

« On a peur que les clients ne reviennent pas »

Au total, avec aussi les départs non remplacés, ce sont 44 CDI qui ont disparu entre 2024 et 2025 sur Villars et Centre Deux, à en croire Dominique Bernat, délégué syndical FO. Et avec le chantier de rénovation actuel, qui va voir le magasin perdre 2 500 m2 de surface, les employés de Villars craignent de nouvelles suppressions de postes. « Aujourd’hui, on est à peu près 420 pour 13 000 m². Pour 10 500 m², il ne faudrait apparemment que 240 employés… »

Tony Tourèche ne cache pas ses craintes pour l’avenir de l’hypermarché villardaire : « C’est celui qui s’en sort le mieux par rapport à Centre Deux et Monthieu, mais il est lui aussi déficitaire. Ça fait deux ans qu’on nous dit que ça va repartir et que ça ne repart pas, c’est inquiétant. Là, avec les travaux, on est en moyenne à moins 20 % d’activité chaque jour. On a peur que les clients ne reviennent pas. »

« On est devenu beaucoup trop cher »

« Surtout qu’on est devenu beaucoup trop cher au niveau des prix par rapport à la concurrence, ajoute Dominique Bernat. Avant, c’était Casino les plus chers. Maintenant, c’est nous. »

Sollicitées par nos soins, ni la direction de l’hypermarché, ni la direction nationale d’Auchan n’ont souhaité faire de commentaire.