Une avancée « historique dans le combat mené par les familles des victimes depuis 57 ans », scandent Mes Stéphane Nesa, Paul Sollacaro, et Philippe Soussi, les trois avocats de l’association des familles des victimes du crash de la Caravelle Ajaccio-Nice survenu le 11 septembre 1968.
De nouveaux éléments sont intervenus, révèlent-ils, dans le cadre d’une réunion qui s’est tenue le 10 juin dernier entre la juge d’instruction en charge du dossier, Maryline Nicolas, et les services de la préfecture maritime de la Méditerranée.
Les échanges ont porté sur des opérations de localisation et de photographies sous-marines de l’épave de l’avion, avec la détermination d’une zone de recherches « dont l’étendue a été estimée à 8 km2 selon les investigations conduites par le directeur d’enquête en fonction des éléments de la procédure », expliquent les conseils des frères Mathieu et Louis Paoli, dans un communiqué commun envoyé aux médias, ce vendredi 6 septembre.
Une affaire qui n’a toujours pas trouvé sa vérité, malgré la levée du secret-défense en 2019
Le tempo semble s’accélérer dans cette affaire qui n’a toujours pas trouvé sa vérité, malgré la levée du secret-défense décidée par le président de la République, Emmanuel Macron, en 2019, tandis que, chaque année, une double cérémonie commémorative se déroule à Nice et Ajaccio.
Plus de cinq décennies après que le vol Air France 1611 s’est abîmé au large du cap d’Antibes – 95 morts, aucun survivant – les familles ne cessent de contester la version d’un incendie dans la cabine-toilettes de l’appareil. Évoquant, quant à elles, le tir d’un missile accidentel depuis la base du Levant, près d’Hyères (Var).
Une thèse prise « très au sérieux » par la justice.
Le 18 février 2025, la juge d’instruction – saisie dans le cadre d’une information pour dissimulation, destruction et soustraction de preuves, et recel de ces infractions – avait délivré une commission rogatoire pour étudier la faisabilité de prises de vues ou d’un repêchage des pièces, soit les deux. Désignant des experts pour réaliser cette étude. Elle en avait alors informé les familles des victimes.
Deux calendriers fixés en fonction des options de recherches envisagées par la Marine nationale et des moyens déployés
Une décision dans la droite ligne de la résolution du parquet de Nice, se disant favorable à l’initiative, tandis que des garanties avaient été données par l’Élysée assurant que tous les moyens seraient mis au service de la justice.
Le dossier progresse donc, aujourd’hui, avec « deux calendriers fixés en fonction des options de recherches envisagées par la Marine nationale et des moyens déployés », détaillent les avocats.
D’une part, une campagne de trois jours sur la zone identifiée de 8 km2 devrait être engagée d’ici la fin de l’année 2025 « dans le but de localiser les débris de l’épave de la Caravelle et le cas échéant, de réaliser des photographies sous-marines ».
En cas d’échec de ces investigations ou l’impossibilité de retrouver les débris, la seconde option pourrait être mise en œuvre à la mi-2026, « consistant en des opérations réalisées sur une zone plus large et à l’aide d’importants moyens techniques ».
Selon nos informations, le coût du premier scénario s’élèverait entre 130 000 à 155 000 euros.
Le deuxième scénario, qui s’adosserait au projet France 2030 – plan présidentiel d’investissement pour la France destiné à investir massivement dans les technologies innovantes ou de soutenir la transition écologique – s’inscrirait dans la mission déjà programmée de « recherche d’épaves métalliques ».
« Je pense que celui qui a appuyé sur le bouton est peut-être encore en vie »
Une solution qui permettrait de couvrir une zone plus large, notamment en ayant recours à des robots autonomes sous-marins. Le coût de cette mission serait intégralement pris en charge dans le cadre dudit programme, fixée à une limite de 4 millions d’euros.
« Ces annonces représentent une bonne nouvelle », lance Mathieu Paoli, le président de l’association des victimes saluant, au passage, le travail des trois avocats qui défendent le dossier « avec un investissement total ».
L’octogénaire, qui avait 24 ans au moment de la catastrophe, ne lâchera rien, continue-t-il à marteler. Malgré les déceptions, le temps qui use, et une vie passée à remuer ciel et terre, il y croit toujours.
« La Caravelle a sombré un 11 septembre 1968, la vérité, elle, ne peut tomber dans l’oubli. Les plongées vont être déterminantes. Il faut impérativement retrouver les réacteurs de l’appareil. Ils sont la clé ».
Le président de l’association des victimes sera présent, à Ajaccio, la semaine prochaine, jeudi 11 septembre. Avec ceux qui restent. Ceux qui veulent savoir. Ceux qui refusent la double peine, celle du drame et du secret.
« Je pense que celui qui a appuyé sur le bouton est peut-être encore en vie ».