Violette ne supporte plus Marguerite, dit Marge, sa sœur aînée de dix mois. Elle a l’impression qu’elle l’empêche de fleurir. Elle en a assez de son caractère inadapté, de ses sautes d’humeur, de son comportement erratique, de son absence de travail. Elle, la médecin, bien insérée dans la société, voudrait enfin profiter tranquille de son mari, Jules, et de ses enfants, sans avoir ce boulet dans ses pattes. Elle dit : «Tu peux crier, pleurer. Je te vire, Marge. Tu peux mettre les bras en croix pour ne pas passer la porte, ça ne t’empêchera pas de finir sur le trottoir avec tes affaires. Je ne peux plus vous voir.»
La femme de 34 ans se retrouve à la rue, rue des Martyrs. Elle observe l’immeuble en face, le 46 bis, abîmé, couvert d’un échafaudage, et elle décide d’y entrer s’y cacher. Elle pense que ce sont les lieux qui choisissent les hommes, et pas l’inverse. Dans une cabane du chantier arrêté, elle s’installe et trouve refuge. Commence alors une sorte de siège de Fort Alamo en plein Paris dans le chic IXe arrondissement. Le bâtiment est au cœur d’un conflit entre des voisins qui veulent protéger une fleur, la «chitalpa de Tashkent et Jules qui veut y installer un complexe technologique ultramoderne». Le compagnon de Violette veut racheter tous les appartements pour tout casser et lancer un club à hologrammes et réalité virtuelle pour vivre des aventures extraordinaires. Violette l’adore, elle pense qu’il est «un mari merveilleux, un père fabuleux, un fils