Le 4 septembre 2025, EDF a annoncé la conclusion d’un contrat de fourniture d’électricité nucléaire avec Data4, acteur majeur des data centers. Ce premier accord de long terme illustre la volonté du groupe public de capter des clients grands consommateurs d’électricité, dans un contexte de forte tension sur les prix et d’arrêt programmé du dispositif Arenh fin 2025. Pour EDF, il s’agit d’ouvrir une nouvelle ère commerciale en misant sur le nucléaire pour répondre à l’appétit grandissant des infrastructures numériques.

Le nucléaire, levier stratégique pour séduire les data centers

EDF a mis en place un nouvel outil contractuel, le Contrat d’Allocation de Production Nucléaire (CAPN). Concrètement, il s’agit d’attribuer une part fixe du parc nucléaire d’EDF à un client industriel, sur une période de douze ans. Dans le cas de Data4, ce sont 40 MW qui seront mobilisés à partir de 2026, soit environ 230 GWh par an, selon EDF. Cela représente une consommation équivalente à celle de plus de 100 000 foyers français. Ce type de contrat vise à stabiliser les coûts de l’électricité pour des acteurs particulièrement exposés aux fluctuations.

Les data centers, véritables usines numériques, fonctionnent en permanence et exigent une alimentation continue. François Stérin, directeur général des opérations de Data4, a souligné, dans le communiqué du groupe, que « associé à des contrats d’achat d’électricité portant sur les énergies renouvelables, il nous garantit un accès fiable, résilient et continu à une énergie bas carbone pour un coût maîtrisé sur le long terme ». EDF sécurise ainsi une clientèle stratégique, dont les besoins énergétiques progressent à mesure que se multiplient intelligence artificielle et services cloud.

EDF multiplie les contrats pour préparer l’après-Arenh

La conclusion de ce CAPN intervient alors que le dispositif de l’Arenh doit prendre fin fin 2025. Ce mécanisme régulé, mis en place pour garantir aux concurrents un accès au nucléaire d’EDF à prix fixe, disparaît, laissant place à une nouvelle logique commerciale. Pour anticiper cette bascule, EDF a déjà signé quinze lettres d’intention pour des CAPN, dont quatre contrats fermes, incluant celui de Lafarge France et désormais celui de Data4.

Le parc nucléaire français, fort d’environ 60 000 MW, reste la pierre angulaire de cette stratégie. Marc Benayoun, directeur exécutif d’EDF, insiste sur l’intérêt de cette offre : « EDF se réjouit de la signature d’un contrat d’allocation de production nucléaire avec Data4… Ce partenariat permettra à Data4 de bénéficier d’un approvisionnement en électricité bas carbone, compétitive et disponible… ». L’électricien public veut donc transformer son parc historique en atout commercial pour séduire des acteurs internationaux en quête de prévisibilité tarifaire.

Les data centers, un terrain de conquête énergétique

Les data centers représentent un nouveau marché de taille. Leur consommation croît rapidement, selon les estimations du secteur, elle pourrait doubler en Europe d’ici 2030. Pour EDF, conquérir cette clientèle, c’est capter une demande structurellement haussière. Data4, qui exploite 37 centres de données en Europe, affiche à lui seul des besoins gigantesques. Avec ce contrat, EDF s’assure non seulement un client majeur sur la durée, mais crédibilise sa capacité à accompagner la croissance du numérique en France.

Le choix du nucléaire comme pilier est également stratégique sur le plan environnemental. Alors que les data centers sont régulièrement critiqués pour leur empreinte énergétique, un approvisionnement bas carbone constitue un argument de compétitivité. Ce mariage entre électricité nucléaire et infrastructures numériques illustre une convergence, la souveraineté énergétique rencontre la souveraineté numérique. En misant sur ce secteur, EDF entend s’imposer comme partenaire incontournable de la transition digitale et climatique.