Les Etats-Unis ont créé peu d’emplois le mois dernier et le taux de chômage a progressé, selon les données officielles publiées vendredi. Le précédent rapport avait été jugé « bidonné » en sa défaveur par le président Donald Trump, qui avait renvoyé la directrice du service des statistiques.

La première économie mondiale a créé 22’000 emplois en août, un niveau bien inférieur à ce à quoi les Etats-Unis étaient habitués, selon le ministère du Travail. Les analystes s’attendaient à 75’000 créations d’emplois, selon le consensus publié par MarketWatch.

Le taux de chômage a progressé à 4,3%, contre 4,2% en juillet et 4,1% en juin. Il s’agit du plus haut niveau depuis l’automne 2021.

La publication de ces chiffres pourrait achever de convaincre la banque centrale des Etats-Unis (Fed) de baisser ses taux pour soutenir l’économie, à l’issue de sa prochaine réunion le 17 septembre.

Marché du travail plus fragile qu’escompté

Le mois dernier, la publication de ce rapport officiel avait créé deux ondes de choc. La première, parce qu’il comportait de fortes révisions du nombre d’emplois créés par la première économie mondiale les mois précédents, montrant un marché du travail plus fragile que ce qui avait été jusque-là imaginé.

La seconde, parce que le président américain avait décidé dans la foulée de renvoyer Erika McEntarfer, la responsable du service à l’origine du rapport (BLS). Il a affirmé, sans apporter de preuves, que les chiffres avaient été « bidonnés » à des fins politiques.

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Ce renvoi avait stupéfait économistes comme opposants politiques, ces derniers l’accusant d’essayer de tuer le messager plutôt que de faire face aux conséquences de sa politique économique, notamment ses droits de douane massifs qui bousculent les chaînes de production.

Donald Trump compte nommer à la tête du BLS EJ Antoni, un économiste d’un centre de réflexion conservateur qui soutient sans réserve sa politique. La nomination n’a pas encore été confirmée par le Sénat, à majorité républicaine.

Entreprises paralysées

Les chiffres rendent imparfaitement compte des évolutions en cours, avaient observé avant la publication des économistes interrogés par l’AFP. Selon eux, le taux de chômage s’était jusqu’ici maintenu au niveau du plein-emploi (dans une fourchette entre 4% et 4,2%) seulement parce que la population active – catégorie rassemblant les personnes travaillant et celles cherchant du travail – s’est rétrécie, ce qui n’est pas forcément bon signe.

Des experts estiment qu’une partie de la population sort de la vie active: ces personnes n’ont pas d’emploi, mais ne sont pas non plus comptabilisées comme chômeuses. Cela contribue à maintenir le taux de chômage à un niveau bas, sans générer de revenus. Beaucoup auraient cessé de chercher un poste, découragés par le manque d’opportunités, alors que les entreprises restent paralysées face aux incertitudes liées à l’offensive protectionniste de Donald Trump.

Cette contraction de la population active serait aussi largement liée à la politique migratoire très restrictive du gouvernement. De plus en plus de personnes hésitent à chercher du travail, sachant qu’elles risquent ainsi d’être arrêtées ou expulsées.

ats/fgn