En 1994, Blur et Oasis sont les stars de ce nouveau genre musical qui affolent les charts mondiaux : la Britpop. Malgré un succès sans précédent, l’ambiance n’est pas toujours au beau fixe entre les musiciens. Les deux chanteurs, Damon Albarn et Liam Gallagher, se haïssent. La Britpop n’est pas qu’un mouvement musical, c’est aussi un phénomène socioculturel. D’un côté, les petits bourgeois de Blur emmené par Damon Albarn et de l’autre les prolétaires d’Oasis avec les frères Gallagher.
Valli est journaliste musicale, et pour toujours dans les playlists la voix féminine de Chagrin d’amour sur « Chacun fait fait fait, ce qui lui plaît plaît plaît… ». Elle, qui a aussi officié sur France Inter avec des émissions musicales, a vécu de près l’arrivée et l’apogée de la Britpop en 1994 en France, année de la mort de Kurt Cobain qui venait de souffler l’establishment du rock avec Nirvana et un nouveau style, le grunge. Damon Albarn disait à l’époque, espiègle, que si les punks étaient là pour se débarrasser des hippies, alors la Britpop était là pour se débarrasser du grunge.
La Britpop, comme les punks ?
1994, apogée de la Britpop donc, sortie des albums Parklife de Blur, et Definitely maybe d’Oasis, sans oublier Suede, Pulp ou encore Elastica. Pour Valli, la Britpop est arrivée avec Blur. Le terme qui émerge dans ma presse pour différencier ces groupes sera britpop, « Britpop parce que c’était un peu sociétal, dans les chansons surtout de Blur, moins Oasis, ou Pulp, on parlait de la société anglaise avec les symboles, avec l’Union Jack un peu comme faisaient les mods avec The Who, (Liam Gallagher s’entourait du drapeau sur scène) et puis c’était très pop et c’était surtout des labels indépendants à cette époque-là, qui faisait que c’était quelque chose d’un peu plus gai, un peu plus acidulé ». Déjà avant 94, Valli était aux concerts de rock, « j’écoute le rock depuis toujours, le rock n’ roll anglais a toujours été ce que je préfère », les singles de Blur étaient extraordinaires pour elle, puis le groupe explosera avec Parklife. Blur n’a pas décollé de suite, il y avait aussi moins de radio rock pour les diffuser et les écouter, bien-sûr il y avait Lenoir sur Inter ajoute la journaliste, mais il fallait tout de même chercher le rock sur les ondes. Les radios françaises diffusaient plutôt variété et chanson française, Axelle Red (qui aimait tes yeux, ton odeur, tous tes gestes en douceur).
À l’écoute dans la prog musicale de cette émission, « Girls and boys » de Blur. Valli : « c’était sur Parklife, j’ai toujours préféré Blur parce que je trouvais que Damon Albarn était beaucoup plus inventif, Girls and Boys c’était presque disco. Il arrivait à faire des choses et ça a brassé un public qui écoutait peut-être Prodigy ou la acid house de l’époque. Blur arrive à le faire sur cet album. » Elle poursuit que quand on écoute bien, et qu’on entend moins en étant moins anglophone, les paroles sont sur la confusion des genres avec ces « girls ou want boys ou like boys », etc. C’était assez surprenant à l’époque, mais Valli avoue que les anglais sont plus sur la musique que sur les paroles, donc ça passait.
Blur & Oasis (mais aussi Pulp), les Beatles & Rolling Stones (mais aussi les Kinks)
Côté étiquettes et inspirations, Valli juge qu’Oasis est plutôt Beatles, et Blur plutôt Kinks, avec un Oasis de grande qualité musicale et attitude rock s’il en est, mais qui copie un peu ses aînés aux yeux de la journaliste, quand Blur est plus inventif. Et les Beatles alors, déjà Britpop ? « C’était plutôt rythm’ and blues, parce que c’est ce qui les inspirait. C’était de la pop music pure et dure. »
Quoiqu’il soit de tout cela, Valli explique ici que Blur et Oasis n’étaient pas ennemis, la guerre entre les deux groupes, tout comme celle des années auparavant entre les Rolling Stones et Les Beatles existait surtout dans la presse, et un truc marketing, mais pas vraiment réelle en réalité. Avec un bonus pour Oasis qui, étant les meilleurs, et pur ceux qui ont les images des Awards anglais de l’époque, « crashaient sur tout, tout ! », des « lads » au franc-parler, et un peu têtes à claques.
Au passage, Valli conseille vivement le nouvel album de Pulp, More, après 24 ans d’absence. Coldplay ? « Tellement mieux avant, ils sont partis sur autre chose. »
La suite de cette discussion avec la journaliste musicale Valli, s’écoute dans cette émission sur 1994 et la Britpop
Programmation musicale :
Blur, « Girls and boys »
Pulp, « Spike island »
Oasis, « Supersonic »