L’Ukraine continuera de riposter
aux attaques de la Russie contre ses installations énergétiques,
a déclaré vendredi le président ukrainien Volodimir Zelensky
malgré les critiques de la Slovaquie et de la Hongrie, dont
l’approvisionnement en pétrole russe a été perturbé en
conséquence.
Volodimir Zelensky s’exprimait après ses premières
discussions de haut niveau avec le Premier ministre slovaque
Robert Fico – qui a eu des différends avec Kyiv au sujet des
approvisionnements énergétiques russes – dans la ville
ukrainienne d’Oujhorod, près de la frontière avec la Slovaquie.
La Slovaquie, tout comme la Hongrie, a continué d’acheter du
gaz et du pétrole russes alors même que d’autres pays de l’Union
européenne (UE) ont mis fin à leurs approvisionnements depuis
l’invasion de l’Ukraine lancée par Moscou début 2022.
La Slovaquie et la Hongrie affirment que des acheminements
alternatifs sont confrontés à des goulets d’étranglement et sont
plus coûteux.
L’approvisionnement en pétrole des deux pays a été perturbé
ces dernières semaines en raison des attaques ukrainiennes
contre l’oléoduc Droujba, qui relie la Russie à la Slovaquie en
passant par l’Ukraine.
« L’Ukraine répond aux attaques de la Russie contre nos
installations énergétiques et continuera de le faire », a déclaré
Volodimir Zelensky lors d’une conférence de presse conjointe
avec Robert Fico.
« Mais nous voulons vraiment que cette guerre cesse (…),
personne ne va rester les bras croisés et la tolérer. »
Robert Fico a pour sa part déclaré que des attaques
militaires contre des cibles « légitimes » nuisaient à la
Slovaquie.
« Nous devrions également prendre en compte les intérêts des
autres pays qui font partie du réseau énergétique
international », a-t-il ajouté.
Volodimir Zelensky a en outre déclaré que l’Ukraine restait
prête à approvisionner la Slovaquie en pétrole et en gaz, à
condition que ceux-ci ne proviennent pas de Russie.
Robert Fico avait précédemment reproché à l’Ukraine de ne
pas avoir maintenu le transit du gaz russe après l’expiration du
contrat de Kyiv avec Moscou, fin de 2024. Gazprom a depuis
réacheminé ses approvisionnements, qu’il expédie vers la
Slovaquie dans le cadre d’un accord à long terme.
Le Premier ministre slovaque s’est également fermement
opposé à un plan de l’UE en cours de discussion visant à
supprimer progressivement les importations d’énergie russe d’ici
2027. Il a aussi retardé le dernier paquet de sanctions du bloc
contre la Russie pour exiger des garanties contre les effets
négatifs que la Slovaquie pourrait subir en raison de la fin des
approvisionnements russes.
Le président américain Donald Trump a déclaré jeudi aux
dirigeants européens que l’UE devait cesser d’acheter du pétrole
russe qui, selon lui, aide Moscou à financer sa guerre contre
l’Ukraine.
Robert Fico a déclaré vendredi que, malgré les divergences,
il existait un large champ de coopérations possibles entre la
Slovaquie et l’Ukraine, notamment dans le domaine de l’énergie.
Il a également exprimé le souhait que l’Ukraine obtienne des
garanties de sécurité et proposé de partager l’expérience
slovaque pour faciliter les négociations d’adhésion de l’Ukraine
à l’UE.
« De bonnes relations de bon voisinage amicales, une paix
juste, un cessez-le-feu le plus rapide possible et une
perspective européenne sont les quatre choses que nous
souhaitons (…) malgré le fait que nous ayons des opinions
divergentes sur certaines questions », a-t-il dit.
(Rédigé par Jan Lopatka, Jason Hovet, Yuliia Dysa et Max
Hunder, version française Benjamin Mallet)