Après plusieurs énormes gamelles au box-office, le patron de Sony (Venom, Morbius, Madame Web) dévoile sa nouvelle stratégie : les bons films de super-héros.

Parmi toutes les tentatives d’univers étendus qui ont suivi la consécration du système Marvel, le Sony’s Spider-Man Universe, aka le Sony Pictures Universe of Marvel Characters, aka le Sonyverse, aka l’univers Spider-Man sans Spider-Man, est facilement parmi les plus risibles, et les plus cataclysmiques. Pourtant, il avait plutôt bien commencé, du moins pour les trésoriers de Sony, puisque le premier Venom avait rapporté 856 millions de dollars au box-office. De quoi lancer une salve de spin-offs consacrés à l’entourage de l’homme-araignée.

S’en est suivi un lent et douloureux carambolage artistique et financier. Si les suites de Venom ont fait des scores à peu près satisfaisants, Morbius, mais surtout Madame Web et Kraven le Chasseur ont été de véritables catastrophes industrielles, qui n’ont même pas su capitaliser sur les moqueries des réseaux sociaux. Avant même la sortie du dernier, le studio a coupé les vannes, se concentrant sur les films Spider-Man, qu’il finance et distribue, mais sous le contrôle de Marvel Studios. Et a priori, il en a tiré des leçons. Mieux vaut tard que jamais.

Le Venom de la peur

Le patron de Sony, Ravi Ahuja, s’est exprimé dans une conférence pour la Bank of America. Ses propos, rapportés par The Wrap, en disent long sur la philosophie qui prévalait jusque là chez les exécutifs du studio.

« Il y avait une période où tout ce qui avait un rapport avec les super-héros était garanti de fonctionner. Je pense que [la barre] pour les films de super-héros était relativement basse. À la moitié des années 2010, ils faisaient à peu près tous d’énormes recettes, mais désormais, même les films de super-héros doivent avoir un degré d’originalité. Ils doivent ajouter quelque chose de différent. Il doit y avoir une connexion émotionnelle. Ils doivent être des évènements culturels qui peuvent être vendus comme tels. »

Morbius : photo, Jared LetoLes patrons de Sony quand ils se rendent compte qu’ils vont devoir valider de vrais scénarios

Ah la la, le bon vieux temps où on pouvait prendre les spectateurs pour des pigeons… Ahuja cache donc très mal son mépris pour le genre qui a pourtant constitué le fonds de commerce de sa compagnie. Bien sûr, Sony continue à miser sur l’homme-araignée, dont la quatrième aventure en partenariat avec le MCU, Brand New Day, sortira le 29 juillet 2026. Ahuja s’est dit optimiste. Et pour cause : le dernier volet a empoché quasiment 2 milliards de dollars au box-office.

Et comme une épiphanie ne vient jamais seule, celui qui a accédé à la fonction suprême en janvier 2025 a évoqué plus largement les conditions pour décrocher le jackpot au box-office.

« C’est un peu de marketing, mais c’est aussi en faire un évènement qui donnera envie aux gens d’aller au cinéma et de le voir ensemble. Ça a toujours été le cas. Je pense que c’est juste un peu plus dur qu’auparavant. »

Aaron Taylor-Johnson, Kraven : The Hunter

Les biscotos ne suffisent plus

Scoop : faire de bons films, c’est pas mal non plus. Peut-être que ce sont les succès récents de la concurrence, notamment de Warner, qui ont ramené les exécutifs de Sony sur le droit chemin. Sinners et Évanouis par exemple, font partie des grands gagnants du box-office annuel, principalement grâce à un bouche-à-oreille flatteur. Prochaine étape : retirer la muselière des cinéastes engagés pour leurs futures productions.