Par
Amandine Mehl
Publié le
5 sept. 2025 à 18h59
Alors que les municipales 2026 approchent, les groupes d’opposition Nancy Positive et Grand Nancy Perspectives, présidés par l’ancien maire de la cité ducale Laurent Hénart, battu par Mathieu Klein en 2020, ont dressé le bilan de mandat de la municipalité sortante et de la majorité sortante à la Métropole.
Si M. Hénart n’a pas officialisé sa candidature en vue des prochaines élections, la bataille semble toutefois clairement engagée au regard des nombreuses critiques formulées.
Pour Laurent Hénart, « il ne s’est quasiment rien passé » durant le mandat
« Si l’on doit avancer un mot, puisque celui de transformation est parfois évoqué sur le bilan municipal et métropolitain de la majorité sortante, c’est celui de dégradation », a entamé l’ancien maire de Nancy, qui estime « qu’il ne s’est quasiment rien passé » durant le mandat.
Pour étayer son propos, il évoque une « dégradation de la vie quotidienne des habitants », des « comptes publics », mais aussi du « climat démocratique et civique dans la cité ». Il cite des « difficultés de circulation et de stationnement », une « montée des actes violents » avec « des réponses qui ne sont pas à la hauteur des attentes », un « débat de cornecul » autour de la vidéosurveillance, mais aussi la situation financière dégradée de la Métropole du Grand Nancy.
La majorité sortante responsable de l’échec de la nouvelle cité judiciaire selon Valérie Debord
Après avoir évoqué l’abandon de plusieurs projets, Valérie Debord, 1ʳᵉ vice-présidente de la Région Grand Est et membre de l’opposition à la Ville de Nancy, présente lors de l’échange, a affirmé que si le projet de nouvelle cité judiciaire ne se fait pas, « c’est quand même leur choix [à la majorité sortante], ce qui est tout de même dingue ».
Il y a eu une levée de boucliers de toutes les professions du droit parce qu’il n’y a pas d’accessibilité à ce futur équipement tel qu’il a été conçu, alors qu’une voirie devait être créée permettant l’accès aux voitures. Et je ne parle pas de la pénitentiaire, penser une cité judiciaire où vous ne pouvez pas amener les détenus, c’est quand même quelque chose qui est assez grand ! Tous les professionnels du droit se sont insurgés contre ce projet.
Valérie Debord
1ere vice-présidente de la Région Grand Est et membre de l’opposition à la Ville de Nancy
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« C’était un sujet consensuel qui est devenu polémique, car une bonne partie des avocats, des greffiers, des magistrats, se demandent à quoi ça sert de mettre des millions d’euros dans une nouvelle cité judiciaire si l’on ne peut pas s’y rendre », a complété M. Hénart.
« Je n’ai pas demandé au ministère de la Justice de s’installer sur Alstom »
Alors, Mathieu Klein est-il responsable ? « Si c’était ma faute, ce serait plus facile à résoudre », a-t-il lancé au cours d’un échange avec la presse.
J’espère que l’État finira par honorer ses engagements ! Parce que l’on parle bien d’un engagement de l’État ! Je n’ai pas demandé au ministère de la Justice de s’installer sur Alstom, c’est Laurent Hénart et Valérie Debord qui l’ont fait. Quand j’ai récupéré le dossier en 2020, la décision était prise et j’ai rendu le sujet possible en engageant la Métropole à vendre le terrain, à le dépolluer et en parlant d’un parvis avec une passerelle pour faire le lien avec le centre-ville.
Mathieu Klein
Maire de Nancy et président du Grand Nancy
Il en a profité pour rappeler que lorsque Nicole Belloubet, alors ministre de la Justice, a annoncé la construction de la nouvelle cité judiciaire sur le site d’Alstom, il a été « le seul à avoir émis une réserve ». Parmi les sites proposés, figurait en effet l’hôpital Saint-Julien, plus proche des axes routiers et situé à proximité immédiate du commissariat de police. « Le site d’Alstom me semblait le plus compliqué. Mais, très bien, ils ont choisi et je suis là pour assurer la continuité républicaine », a ajouté le maire.
« L’absence de cette route n’était pas rédhibitoire »
S’agissant de la voirie qui devait être créée, Mathieu Klein explique que la Ville et la Métropole s’étaient engagées à le faire. Lorsqu’il a repris le dossier, il a fait savoir que ce ne serait pas le cas. « L’accès du futur palais de justice a été réanalysé, y compris pour le transfert des détenus, et on nous a dit que l’absence de cette route n’était pas rédhibitoire et que le projet était maintenu ». Seuls impératifs : améliorer la desserte des transports en commun et porter une attention sur le stationnement.
Au sujet de la grogne des professionnels du droit, le premier magistrat de la cité ducale assure que des échanges ont été menés et avoir obtenu la création de la maison des avocats sur le site de la cité judiciaire.
Peut-on espérer voir la future cité judiciaire de Nancy sortir de terre un jour ?
Initialement annoncée pour 2025, peut-on espérer voir la cité judiciaire sortir de terre un jour ? Au vu de l’état de délabrement du palais de justice actuel, le maire ne voit pas comment il pourrait en être autrement.
Quand Gérald Darmanin [ministre de la Justice, NDLR] me renvoie l’argument que le territoire doit cofinancer le projet, pour moi, ça ne tient pas, je ne vais pas financer un palais de justice. On a déjà financé la ligne entre Nancy et Lyon, ce qui est complètement en dehors de nos responsabilités ! Bientôt, on va financer l’armée ?
Mathieu Klein
Maire de Nancy et président du Grand Nancy
« Les entreprises ont été recrutées et le marché a été signé, mais il faut maintenant que l’État signe l’acte de vente du terrain, complète le maire. Je pense que le fond du problème est assez simple, le ministère de la Justice passe un certain nombre de ses projets au rabot et les moyens ont été mis en priorité sur les centres pénitentiaires », a-t-il terminé.
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