Nigel Farage, le leader de Reform UK, ne pouvait rêver d’un meilleur hasard de calendrier. Angela Rayner, la numéro deux du gouvernement et du parti travailliste, a démissionné après une affaire de taxe fiscale sous-payée alors que le parti d’extrême-droite ouvrait son congrès à Birmingham ce vendredi. Le remaniement ministériel qui a suivi tombe au plus mal pour le Premier ministre Keir Starmer, au plus bas dans les sondages et menacé par une fronde de l’aile gauche de son parti.
Nigel Farage a saisi la balle au bond en avançant de trois heures son discours et en affirmant que son parti était prêt à prendre la relève. Il a appelé ses partisans à se préparer à gouverner dès 2027 au cas où Keir Starmer serait contraint à des élections générales anticipées deux ans avant l’échéance prévue de 2029.
Après son succès aux élections locales de mai dernier, le parti est en tête dans les sondages, avec des intentions de vote au-dessus de 30 %. Reform UK a remporté plusieurs mairies et de nombreux comtés au printemps. Il compte aussi créer la surprise lors des élections parlementaires de 2026 en Écosse et aux Pays de Galles.
La promesse de 600 000 expulsions
Reform UK profite de la vague nationaliste au Royaume-Uni. Le parti annonce des déportations massives d’étrangers s’il arrive au pouvoir. Il promet d’expulser 600 000 migrants en cinq ans et de mettre fin aux traversées de la Manche par des petites embarcations « en deux semaines ».
Le plus europhobe des dirigeants politiques britanniques s’inspire de plus en plus de la rhétorique et de la politique de Donald Trump aux États-Unis. Nigel Farage s’est engagé ce vendredi à « rendre sa grandeur à la Grande-Bretagne » en copiant le slogan du président américain « Make America great again ».
Reform UK créé un « Département de l’efficacité gouvernementale » (Doge) sur le modèle de celui que Donald Trump avait confié à Elon Musk avant de se fâcher avec lui. Il est déjà utilisé pour faire des coupes sombres dans les budgets des collectivités locales gérées par le parti.
Populaire malgré l’échec du Brexit
Climatosceptique, Nigel Farage veut réduire les investissements dans les énergies renouvelables, comme aux États-Unis. Andrea Jenkyns, élue maire Reform UK du Lincolnshire en mai 2025, a déclaré ne pas croire au changement climatique et soutient des projets de forages gaziers et pétroliers par fracturation hydraulique.
Les électeurs déçus par le Brexit ne lui en tiennent pas rigueur, alors que Nigel Farage a été le partisan le plus bruyant de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. « Il exerce un puissant pouvoir d’attraction sur les électeurs mécontents », commente John Curtice, professeur de sciences politiques à l’Université de Strathclyde, pour la BBC.
Il bénéficie donc du vote de protestation contre la croissance molle, un système de santé défaillant et une forte immigration, des crises que le Brexit n’a pas réglées ou a même aggravées. « Nigel Farage semble potentiellement bien parti pour devenir le prochain Premier ministre du Royaume-Uni », estime l’universitaire.