« C’est une galère sans nom chaque année ! » Vincent, père de trois enfants, connaît bien l’école de natation de la ville de Rennes. Unique solution pour apprendre à nager à prix raisonnable à Rennes, ses trois enfants y ont été inscrits. « Quand tu obtiens une place, c’est bon, les années suivantes tu peux y laisser ton enfant. Mais le problème, c’est d’y obtenir une place. »
Cette année, il voulait inscrire sa fille de 10 ans en perfectionnement. Anticipant « l’habituelle ruée », il s’est donc présenté comme demandé le jour J, le 10 juin, devant les portes de la piscine Saint-Georges. Avec une demi-heure d’avance, il s’est mis dans la queue. Devant lui : une vingtaine de personnes. Derrière, rapidement, la même chose. À l’ouverture des portes de la piscine : patatras. Les inscriptions par Internet avaient été ouvertes avant. Toutes les places s’étaient envolées. Le père de famille a finalement obtenu une place au Cercle Paul-Bert « avec les adolescents » à « un horaire pas pratique le samedi » pour « 340 euros au lieu des 172 euros avec la ville. »
En mars, ouverture de la nouvelle piscine de Villejean
Un exemple parmi d’autres illustrant la difficulté à trouver des créneaux chaque année, au moment des inscriptions. Frédéric Bourcier, adjoint au maire chargé des sports, dit « ne pas être au courant de cette faille » et ajoute : « Nous estimons à 500 personnes qui n’ont pas pu obtenir de place. Pour autant, c’est de moins en moins compliqué d’obtenir des places à l’école municipale de natation de Rennes. Quand la nouvelle piscine de Villejean sera ouverte en mars prochain, on sera la grande ville de France qui aura le plus grand nombre de mètres carrés de bassin par habitant. »
Pour cette rentrée 2025, l’école municipale de natation de la Ville de Rennes dispose de 2 168 places au total pour les 6-11 ans. « Le problème que nous rencontrons, c’est que sur ces 2 100 et quelques places attribuées, toutes ne seront finalement pas utilisées par les familles. Pour le moment, 1 971 enfants ont confirmé leur participation. Nous avons envoyé une relance aux 200 familles restantes… » Pas possible, cependant, de s’inscrire sur une liste d’attente pour obtenir un créneau laissé vacant.
Les stages pris d’assaut
Pour les laissés-pour-compte de l’inscription à la natation, la Ville propose des stages d’apprentissage, pendant les petites vacances. Les inscriptions ne sont pas encore ouvertes pour la Toussaint.
Pour les adolescents sachant déjà nager et souhaitant approfondir leurs apprentissages, le cercle Paul-Bert propose aussi des créneaux. Mais là encore, ils ont été pris d’assaut en juin. « Nous pouvons proposer des créneaux de stage sur les petites vacances de la Toussaint, février, Pâques ou l’été, explique Quentin Courcelle, responsable natation. Ce sont des cours gratuits, où l’on fait payer uniquement 28 euros, le prix de l’inscription au CPB. Résultat, quand on envoie le mail pour les inscriptions 2 à 4 semaines avant le stage, en 24 h, il n’y a plus de place. »
De nombreux créneaux pour les scolaires
« Le problème des piscines, c’est la multiplicité des usages, poursuit Frédéric Bourcier. Il y a les créneaux pour l’école municipale, pour les clubs, pour les nageurs indépendants, pour les scolaires, pour le haut niveau et pour le loisir. Voilà pourquoi à Bréquigny, nous avons mis tout le monde autour d’une table et tout réorganisé. À la clef : des créneaux pour 45 classes de secondaires et 10 classes de primaires en plus. Ce qui veut dire qu’aujourd’hui à Rennes, avec 240 classes en primaire, 400 en secondaires, tous les instituteurs ou professeurs qui le souhaitent peuvent emmener leurs élèves à la piscine. »
Autre difficulté : depuis quelques années, les instituteurs sont désormais obligés de passer une certification et de se mettre à l’eau avec les élèves. De même pour les parents qui souhaitent accompagner les grandes sections ou les CP : ils doivent passer un examen de sauvetage. « Cela met de sérieux freins aux bonnes volontés. »
Et dans l’agglomération ?
La situation est similaire dans les piscines de l’agglomération. Par exemple à Saint-Grégoire, « tout se fait en juin. La priorité est donnée aux réabonnements des jeunes. Les places restantes sont prises d’assaut, confirme Pierre Guilloux, directeur de la piscine. Cela représente 350 enfants et c’est déjà complet ». À Guichen, même son de cloche. « Tout est plein depuis juin », note l’établissement.
Pour Pierre Guilloux, davantage de structures sont nécessaires. « On aurait pu avoir 60 à 70 élèves supplémentaires. Sur l’agglo, il y a clairement un manque de deux ou trois piscines. » « C’est un vrai enjeu de sécurité d’avoir ces cours, assure Ronan le Breton, directeur de la piscine de Cesson-Sévigné. Mais il faut réussir à trouver un équilibre entre les associations, les scolaires, les clubs, et le grand public. »