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La Commission européenne a annoncé ce vendredi 5 septembre infliger une amende astromonique de 2,95 milliards d’euros à Google.
INTERNATIONAL – Les menaces de Donald Trump n’y auront rien changé. Estimant que le géant américain de la tech Google avait abusé de sa position dominante dans le secteur de la publicité en ligne, la Commission européenne a annoncé ce vendredi 5 septembre lui infliger une amende de 2,95 milliards d’euros.
Après une semaine d’atermoiements et faisant fi des menaces de Donald Trump, l’exécutif européen n’a pas flanché, après avoir menacé Google dès 2023 dans ce dossier. La Commission exigeait alors la scission d’une partie des activités du groupe dans ce domaine de la publicité en ligne (ou « Adtech »), ce qu’elle n’a finalement pas décidé à ce stade.
Cette sanction, que Google a aussitôt annoncé vouloir contester, était très attendue. D’autant que l’annonce de cette sanction contre le géant américain avait été retardée en début de semaine, sur fond de tensions entre l’UE et les États-Unis, comme l’avait confirmé mercredi à l’AFP une source au sein de la Commission. Le 26 août, Donald Trump avait vigoureusement attaqué les pays ou organisations régulant le secteur de la tech, les menaçant de droits de douane et de restrictions à l’exportation.
S’il n’avait pas cité directement l’Union européenne, celle-ci dispose de fait de l’arsenal juridique le plus puissant au monde pour réguler le numérique, alimentant les débats en Europe sur le risque de représailles en cas de sanctions contre des sociétés américaines. L’UE avait d’ailleurs rétorqué avoir « le droit souverain » de réglementer la tech. Ce vendredi soir, Donald Trump a assuré que si l’UE ne revenait pas sur les amendes « injustes » infligées à Google, mais aussi à Apple, il serait « contraint » de déclencher un mécanisme de droits de douane punitifs, la « Section 301 ».
« Amende injustifiée »
Dans une déclaration à l’AFP, Google a également pourfendu la sanction de la Commission. « La décision de la Commission européenne à propos de nos services Adtech est mauvaise et nous en ferons appel. Elle nous impose une amende injustifiée, et des changements qui vont nuire à des milliers d’entreprises européennes en leur compliquant la tâche pour gagner de l’argent », a déclaré Lee-Anne Mulholland, vice-présidente de Google chargée des affaires réglementaires.
C’est la troisième amende prononcée cette semaine contre Google, la filiale du groupe Alphabet. Le groupe a été condamné mercredi aux États-Unis à verser 425,7 millions de dollars de dommages à près de 100 millions d’utilisateurs pour atteinte à leur vie privée, selon la décision d’un jury d’une cour fédérale de San Francisco confirmée par le géant américain.
Et le même jour, Google a écopé d’une amende record de 325 millions d’euros infligée par l’autorité française de contrôle du respect de la vie privée (Cnil) pour des manquements en matière de publicités et de cookies. La veille le groupe avait toutefois remporté une victoire judiciaire majeure aux États-Unis : un juge de Washington lui a imposé des exigences strictes sur le partage des données afin de rétablir l’équité dans la concurrence sur la recherche en ligne, mais sans l’obliger à céder son navigateur phare Chrome, comme exigé par le gouvernement américain.
Dans le dossier Adtech, sur lequel elle enquêtait depuis 2021, la Commission a renoncé là aussi à imposer une scission d’activités de Google pour le moment. Mais elle n’exclut pas d’y recourir si les engagements du groupe pour remédier aux atteintes à la concurrence ne lui convenaient pas. Dans sa décision annoncée vendredi, elle a donné 60 jours au groupe pour lui répondre sur ce point. « Si elle ne le fait pas, nous n’hésiterons pas à imposer des mesures correctives fortes », a lancé la commissaire européenne à la Concurrence, Teresa Ribera.