Mattias, 28 ans, n’avait aucun antécédent judiciaire. Aux parents à la recherche d’un baby-sitter, il se disait « sympa, cool et très attentionné ». Il ajoutait savoir « donner le bain ou la douche » et précisait se déplacer en trottinette électrique, à Angoulême et à L’Isle-d’Espagnac (Charente). Aujourd’hui, Mattias dort en prison. Il aurait abusé d’au moins quatre enfants dont il s’occupait. « De très jeunes enfants », a indiqué le parquet.

Interpellé et placé en garde à vue le lundi 1er septembre, l’individu a été mis en examen puis placé en détention provisoire mercredi 3 septembre. Il lui est reproché des faits de viols et d’agressions sexuelles sur mineur de moins de 15 ans, mais aussi de captation et de diffusion d’images à caractère pédopornographique. L’enquête se poursuit.

En veille sur Bounty.chat

C’est désormais à la justice et aux forces de l’ordre de faire toute la lumière sur cette sordide affaire. Ils en avaient été saisis par les militants du collectif Alertes pédo. Cette association, dont les publications sur X (anciennement Twitter) sont suivies par 78 000 abonnés, a notamment révélé les soupçons d’abus sexuels à la maternité de Montreuil, début août.

Le tribunal d’Angoulême, place Francis-Louvel. Dans cette sordide affaire de viols d’enfants, la justice et les forces de l’ordre ont été saisis par les militants du collectif Alertes pédo. Ces derniers sont connus pour avoir révélé les soupçons d’abus sexuels à la maternité de Montreuil, début août.

Le tribunal d’Angoulême, place Francis-Louvel. Dans cette sordide affaire de viols d’enfants, la justice et les forces de l’ordre ont été saisis par les militants du collectif Alertes pédo. Ces derniers sont connus pour avoir révélé les soupçons d’abus sexuels à la maternité de Montreuil, début août.

Archives « Sud Ouest »

« Nous sommes une cinquantaine un peu partout en France, et nous sommes tous chasseurs de pédocriminels en ligne », explique une adhérente d’Alertes pédo à « Sud Ouest ». Cette femme de 30 ans se présente sous le pseudonyme de Nyx. Elle dit exercer un « métier très banal » après des études de psychologie. « Je traque trois à quatre heures chaque nuit, sur des forums gratuits, selon un protocole très précis », témoigne-t-elle. D’ordinaire, elle se fait passer pour une fille de 11 ans. Dans d’autres circonstances, elle se présente comme une femme majeure, « souvent une escort girl ».

Le jeudi 28 août, vers 23 h 30, Nyx « patrouillait » sur le site Bounty.chat, un forum inspiré de Coco, un repaire de pédocriminels et de délinquants désormais fermé. Elle a tout de suite été intriguée par le nom de code du baby-sitter charentais : « MecpourTJGouJF », diminutif de « Mec pour très jeune garçon ou jeune fille ».

Des images sur Telegram

Nyx raconte avoir mis son interlocuteur « en confiance » et discuté jusqu’à 1 heure du matin, d’abord sur Bounty.chat, ensuite par SMS via un téléphone à la carte SIM prépayée, puis sur la messagerie cryptée Telegram, où Nox, un autre adhérent du collectif Alertes pédo, a prêté son concours à la collecte d’éléments tangibles et d’images compromettantes.

« Ce Mattias nous a spontanément envoyé une vidéo où l’on voit deux enfants endormis. C’est aux enquêteurs d’analyser ce document. Nous avons saisi le tribunal d’Angoulême dès le lendemain. Désormais, nous fonctionnons ainsi. C’est plus rapide et plus efficace que les signalements sur la plateforme officielle Pharos », relate Nyx.

Lorsqu’on lui demande si ce travail ne doit pas être dévolu aux seuls gendarmes et policiers, la militante « traqueuse » répond : « Si ! Mais ils ont tellement d’administratif. Nous les aidons, de façon légale. Nos dossiers sont carrés. »