Un temps positif après les deux victoires de Rouen contre Nuremberg, le bilan des clubs français contre les adversaires de DEL est passé nettement dans le rouge avec 5 défaites lors des trois dernières années, la dernière en date pour Rouen à… Bremerhaven justement.

Bremerhaven était idéalement entré dans cette CHL en gagnant chez les ZSC Lions champions en titre. Mais les Allemands ont encaissé deux buts dans les six premières minutes à Salzbourg et n’ont jamais pu remonter, battus 3-2. Actuellement juste en dessous de la barre de qualification pour les huitièmes de finale, le club de la Mer du Nord a coché 3 points sur sa feuille de route pour la réception de Grenoble, qui s’attend à une tournée allemande difficile ce week-end après deux défaites à domicile face à des clubs suisses.

La force de frappe de Bremerhaven, c’est normalement le trio slovène Urbas-Jeglič-Verlič, trois joueurs qui ont annoncé leur retraite internationale en février dernier… et qui retrouvent leur sélectionneur national Edo Terglav sur le banc adverse comme assistant-coach de Grenoble.

Or, Pontus Englund met en échec la star Jan Urbas sur la première entrée de zone allemande, Christophe Boivin remonte le palet et prend le premier tir… sur lequel le gardien allemand Leon Hungerecker laisse un rebond dans l’axe à Alexandre Mallet, qui n’a plus qu’à le propulser dans la cage grande ouverte (0-1). Après 21 secondes de jeu, Grenoble mène au score de manière inespérée. Il s’agit de défendre cette avance, ce qui ne va pas sans une frayeurs. À la cinquième minute, une perte de palet de Mallet est exploitée par une transition rapide et Alex Friesen perce dans l’axe à pleine vitesse entre les défenseurs Juho Rautanen et Antoine Fertin.

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Mais les erreurs les plus grossières sont commises par les Suédois de Bremerhaven. Le défenseur Ludwig Byström se fait ainsi voler le palet près de sa cage par Fredric Weigel qui remet en retrait sur Yorick Treille, forçant Hungerecker à un arrêt. Dans la minute qui suit, les Allemands s’installent en zone offensive… mais Max Görtz veut lancer le palet avant de l’avoir proprement contrôlé et ce ratage laisse Alexis Binner partir seul en contre-attaque. Ravi de cadeau d’un compatriote, l’arrière suédois ajuste Hungerecker côté mitaine (0-2). Ce sont clairement deux buts faibles pour le nouveau gardien numéro 2 du club Leon Hungerecker, qui sort pourtant d’une bonne saison achevée comme titulaire à Nuremberg, et qui avait gagné le match à Zurich.

Weigel retient Abt et Bremerhaven se retrouve pour la première fois en supériorité numérique. Une menace ? Cela dépend pour qui… Pressé dans son dos par Matias Bachelet, le défenseur danois Nicholas B. Jensen se permet depuis la bande une passe aveugle vers l’axe… Aurélien Dair dit merci et s’échappe à son tour pour un tir à bout portant en pleine poitrine, suivi au rebond par Bachelet (0-3). Bonus de la règle CHL, ce but en infériorité annule la pénalité au bout de seulement 24 secondes !

Et là, franchement, tous les ressorts sont cassés à Bremerhaven. Les joueurs ne patinent plus, ils sont devancés sur tous les palets par des Grenoblois pleins d’entrain. Un observateur arrivé à cet instant ne reconnaîtrait pas qui est le favori et qui est le dernier du classement de la CHL. Les Allemands n’arrivent à rien, enchaînant deux dégagements interdits puis un hors-jeu. Les Français maîtrisent le jeu et se baladent sur le glaçon.

Ce n’est que dans la dernière minute que Bremerhaven s’installe en zone offensive. Miha Verlič prend le palet à Crinon derrière la cage et passe en retrait dans le cercle à son compatriote slovène Jan Urbas qui fusille Pintarič côté plaque (1-3). Juste avant la pause, ce but change tout en redonnant le moral au public qui paraissait aussi démobilisé et incrédule que son équipe.

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La deuxième période reprend de manière… rugueuse. Mis en échec par Axel Prissaint dans la bande, Matthew Abt l’attrape par le cou et le défenseur français, casque tombé, lui inflige deux droites. Même s’il s’est montré peu enclin à participer à la bagarre, Abt prend deux minutes pour son mauvais geste initial, en plus de l’expulsion des deux joueurs. On engage deux fois et Nico Krämmer dégage le palet… hors limite. Grenoble bénéficie donc de 1’50 à 5 contre 3 ! Binner décale Boivin sur la droite et Mallet prend son second rebond en cage vide du soir (1-4).

La règle CHL est encore favorable puisqu’elle implique que la double supériorité numérique continue. Les trois Allemands coupent les lignes de passe à Alexandre Mallet placé à gauche du but, mais rien ne l’empêche alors de s’avancer tout près du but pour s’offrir un hat-trick en ajustant la lucarne opposée (1-5). On continue toujours à 5 contre 3 et cela aurait pu faire 1-6 sans un arrêt mitaine de Hungerecker sur une passe transversale de Mallet pour Boivin.

Le match n’est pas fini pour autant. Nino Kinder est tout seul pour reprendre côté opposé le rebond laissé par la botte de Pintarič sur un lancer de Fabian Herrmann (2-5). Bremerhaven enchaîne avec un 3 contre 2 et le lancer de Max Görtz est juste repoussé par le masque de Pintarič.

Christophe Boivin est pénalisé pour un cinglage dont la preuve est une crosse cassée sur la glace. Pendant ces deux minutes, Pintarič signe plusieurs arrêts, dont un capital face à l’international danois Christian Wejse, tout seul à droite du but. Grenoble tue cette pénalité dans la souffrance… et peu après son retour sur la glace, c’est au tour de Christophe Boivin de tenter le lancer sur Hungerecker en situation de 2 contre 1 : parade in extremis de la plaque ! La pause publicitaire est décrétée après cette action et Leon Hungerecker commet l’erreur de trop quand le jeu reprend. Boivin lui prend le palet et offre la cage ouverte en retrait à François Beauchemin (2-6). Toujours pas de changement de gardien ni de temps mort pour le coach local Alex Sulzer…

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La ligne Air Québec est partie pour un vol long courrier et a encore du carburant. François Beauchemin entre en zone et utilise le défenseur Maxim Rausch en écran pour un lancer croisé dans la lucarne (2-7). La réussite n’est plus que dans un sens. Wejse peut encore arriver droit sur Pintarič mais Verlič manque les filets ouverts sur le rebond.

Les nerfs de Bremerhaven semblent en compote. Žiga Jeglič déclenche une échauffourée avec Rautanen devant la cage française et prend juste deux minutes comme son vis-à-vis. Après une nouvelle bagarre, William Riedell prend en revanche deux minutes de plus que le jeune Sacha De Smitt, à qui il a d’abord infligé une charge avec la crosse. Beauchemin et Jensen s’écharpent à leur tour loin du jeu. Avec tous ces coups de sifflet, cette deuxième période devient interminable… mais voilà que Justin Büsing (qui substitue Riedell) reçoit le palet au moment où il sort de prison pour un breakaway remporté face à Pintarič (3-7). Un hors-jeu est vérifié à la vidéo mais le but est accordé.

Pour commencer le troisième tiers, Guillaume Leclerc part en prison pour un petit cinglage qui fait tomber la crosse de Mauermann. En avantage numérique, Christian Wejse déboule sur l’aile droite et prend un puissant lancer au premier poteau qui entre et ressirt aussi vite. C’est bien un but (4-7). Là encore, le jeu se poursuit à 5 contre 4, et Wejse est encore là pour masquer Pintarič sur le lancer de la bleue de Jan Urbas (5-7). Il reste plus d’un quart d’heure à jouer, et cette fois, le match est vraiment relancé. Le clapping reprend avec vigueur dans le kop allemand.

La vitesse et la détermination des jeunes Grenoblois évitent à leur équipe de trembler. Matias Bachelet patine bien, bien plus vite que Riedell à la poursuite d’un palet, qu’il laisse derrière lui à un Valentin Grossetête efficace face au but (5-8). Le silence est retombé dans les tribunes comme une chape de plomb…

Le powerplay grenoblois ne produit rien après un cinglage de Fabian Herrmann à l’entrée des dix dernières minutes, mais l’écart est fait. Plus de remontée fantastique et de scénario fou. Guillaume Leclerc part même dans le dos de Verlič pour un dernier breakaway, arrêté par Hungerecker.

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Grenoble n’a pas livré une partition défensive bien exécutée comme en ouverture contre Berne, mais a en revanche exploité à merveille les erreurs adverses avec le réalisme qui manquait jusqu’ici. Dans ce match étonnamment ouvert, presque farfelu avec des pénalités à foison, les Brûleurs de Loups ont toujours gardé une large avance dans la course-poursuite, y compris parce que leur effort de patinage était globalement plus soutenu. Même les stats catastrophiques aux mises au jeu (50 à 19 pour Bremerhaven) n’ont pas gêné les champions de France. La victoire était clairement méritée contre une équipe qui a sans doute cru inconsciemment à la soirée facile et qui a oublié ses valeurs habituelles d’humilité.

Les Brûleurs de Loups passent devant leurs adversaires au classement et la qualification redevient possible. Berlin a le même nombre de points que Grenoble (3) mais personne n’a envie d’affronter un ours blessé. En plus d’être dos au mur, les Eisbären sont prévenus et ne feront sans doute pas la même erreur que leurs compatriotes. Ils sont bien plus forts et les Isérois en ont déjà fait l’expérience lors de leur précédente visite au Wellblechpalast il y a trois ans.

Commentaires d’après-match :

Per Hånberg (entraîneur de Grenoble) : « Beaucoup d’émotion. Je suis heureux, je suis aussi fier de l’équipe. Nous venons du championnat de France, nous sortons de deux défaites, nous venons à Bremerhaven, ce n’est pas un match facile. Nous faisons de notre mieux, nous avons assez bien joué, nous avons suivi le plan de jeu, les gars se sont montrés et se sont sacrifiés les uns pour les autres. Nous avons fait une bonne préparation pour ce match, nous avons beaucoup étudié. Ce fut une bonne journée hier pendant le voyage, aujourd’hui il y avait beaucoup de sourires parce que nous sommes des humains. Nous ne sommes pas que des hockeyeurs, nous sommes des humains qui jouent au hockey, nous avons besoin de trouver la joie. Nous aimons jouer au hockey et quand on aime quelque chose il faut que tout le monde puisse le voir. Cela sonne simple mais parfois ça l’est. »

Alexander Sulzer (entraîneur de Bremerhaven) : « Nous ne pouvons évidemment pas être satisfaits de la performance d’aujourd’hui. L’exécution est normalement plus propre, nous avons eu quelques pertes de palet que nous n’avons pas connues. »

sulzerAlexander Sulzer (photos : Jasmin Wagner / Bremerhaven)

Bremerhaven – Grenoble 5-8 (1-3, 2-4, 2-1)
Vendredi 5 septembre 2025 à 19h30 à l’Eisarena Bremerhaven. 2977 spectateurs.
Arbitres : Seedo Janssen et Christopher Schadewaldt assistés de Kai Jürgens et Denis Menz (tous ALL).
Pénalités : Bremerhaven 39’ (0’, 12’+5’+20’, 2’) ; Grenoble 37’ (2’, 8’+5’+20’, 2’).
Tirs : Bremerhaven 39 (6, 23, 10) ; Grenoble 30 (8, 15, 7).

Évolution du score :
0-1 à 00’21” : Mallet assisté de Boivin
0-2 à 07’19” : Binner
0-3 à 09’52” : Bachelet assisté de Dair (inf. num.)
1-3 à 19’38” : Urbas assisté de Verlič
1-4 à 21’35” : Mallet assisté de Boivin et Beauchemin (double sup. num.)
1-5 à 21’58” : Mallet assisté de Binner et Treille (double sup. num.)
2-5 à 23’33” : Kinder assisté de Herrmann
2-6 à 28’49” : Beauchemin assisté de Boivin
2-7 à 31’35” : Beauchemin assisté de Boivin et Englund
3-7 à 39’17” : Büsing
4-7 à 42’41” : Wejse (sup. num.)
5-7 à 43’30” : Urbas assisté de Jeglič et Jensen (sup. num.)
5-8 à 46’18” : Grossetête assisté de Bachelet

Bremerhaven

Attaquants :
Jan Urbas (C) – Žiga Jeglič (2’) – Miha Verlič (-1)
Bennett Roßmy (-2) – Andy Miele (-2) – Max Görtz (-2)
Nicolas Krämmer – Alex Friesen (-1) – Ross Mauermann (-1)
Nino Kinder (-1) – Christian Wejse (-1) – Fabian Hermann (2’)

Défenseurs :
Matthew Abt (-1, 2’+5’+20’) – Phillip Bruggisser (-1)
Ludwig Byström – Vladimir Eminger (-2)
Maxim Rausch – Nicholas B. Jensen (2’)
Justin Büsing (+1, 2’) – William Riedell (-1, 4’)

Gardien
Leon Hungerecker

Remplaçant : Kristers Gudlevskis (G). Absents : Colt Conrad (genou, fin de convalescence), Rayan Bettahar (blessé).

Grenoble

Attaquants :
Christophe Boivin (+3, 2’) – François Beauchemin (+3, 2’) – Alexandre Mallet (+3)
Sacha Treille (C, -1) – Fredric Weigel (-2, 2’) – Aurélien Dair (+1)
Hugo Raveaud – Matias Bachelet (+2) – Guillaume Leclerc (+1, 2’)
Valentin Grossetête – Théo Gueurif (-1) – Sacha De Smitt (-1, 2’)
Nathan Riu

Défenseurs :
Alexis Binner (+4) – Pontus Englund (+3)
Juho Rautanen (-2, 2’) – Petter Birkheim Andersen (-2)
Axel Prissaint (-1, 5’+20’) – Pierre Crinon (+2)
Antoine Fertin (+2)

Gardien :
Matija Pintarič

Remplaçant : Jakub Štěpánek (G). Absents : Nicolas Deschamps (genou), Adel Koudri (pied).