Sur fond d’images mêlant des réfugiés bloqués à Douvres, un centre de rétention ou un décollage d’avion, un message diffusé en français mais aussi en farsi, en arabe et en pachto (parlé en Afghanistan et au Pakistan) : «Attention ! Il existe un nouveau traité entre le Royaume-Uni et la France. Si vous arrivez illégalement au Royaume-Uni à bord d’un bateau, vous risquez désormais d’être expulsé…»
Voilà à quoi ressemble l’un des spots de la campagne publicitaire imaginée par le Home Office, le ministère britannique de l’Intérieur. L’objectif est des plus simples : décourager les personnes migrantes qui souhaiteraient rejoindre les côtes britanniques illégalement, et rapportée le Times ce vendredi 5 septembre.
Le ministère de l’Intérieur a payé – on ignore le montant – pour afficher et diffuser ces publicités sur les fils d’actualité des comptes de réseaux sociaux détenus par des personnes migrantes. «Les vidéos sur YouTube et les images sur Facebook s’afficheront sur les comptes des utilisateurs s’ils correspondent à des critères démographiques spécifiques indiquant qu’ils envisagent probablement de se rendre illégalement au Royaume-Uni», relate ainsi le Times, qui évoque le ciblage des personnes en fonction de leur localisation, de leur sexe et de leur nationalité. Ces publicités seront notamment utilisées dans le nord de la France. Une première, qui nécessite encore l’approbation du gouvernement français.
Cette campagne anti-migrants intervient un mois après l’entrée en vigueur d’un nouvel accord entre les deux pays, début août. Il prévoit le renvoi en France de migrants arrivés au Royaume-Uni clandestinement, en traversant la Manche à bord d’embarcations de fortune. Pour chaque migrant renvoyé en France, Londres s’est engagé à accepter une personne se trouvant dans l’Hexagone à condition qu’elle ait fait une demande d’entrée légale via une plateforme en ligne. Un dispositif «sordide» et «coûteux», selon les associations de défense de migrants, qui jugent par ailleurs qu’il ne règle pas la première cause de l’immigration clandestine : «Le manque d’itinéraires sûrs.»
Plus de 111 000 personnes ont demandé l’asile au Royaume-Uni entre juin 2024 et juin 2025, le nombre le plus élevé jamais enregistré depuis le début des statistiques en 2001, selon les dernières données du Home Office. Plus de 50 000 migrants sont arrivés au Royaume-Uni en traversant la Manche depuis que le travailliste Keir Starmer est devenu Premier ministre en juillet 2024. Et un peu moins de 30 000 sur l’année 2025. Selon le Times, plus d’une centaine de migrants arrivés sur de petites embarcations ont été détenus depuis l’entrée en vigueur de l’accord.
La secrétaire britannique à l’Intérieur Yvette Cooper a évoqué en début de semaine ce traité. Elle a rappelé que de premiers migrants avaient été placés en détention début août à leur arrivée à Douvres dans le cadre de cet accord. «Nous prévoyons que les premiers retours commenceront plus tard ce mois-ci», a-t-elle indiqué. Elle a ajouté que côté britannique, l’examen des premières demandes de migrants se trouvant en France et souhaitant s’installer au Royaume-Uni était en cours, avec de «stricts contrôles de sécurité».